L’Actualité MANSOUR KEDIDIR, POLITOLOGUE

“CETTE CAMPAGNE EST D’UN NIVEAU LEMENTABLE”

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Karim BENAMAR Publié 09 Juin 2021 à 01:09

© D. R.
© D. R.

Liberté : Quels enseignements tirez-vous de la campagne électorale qui vient de s’achever ?
Mansour Kedidir : À plus d’un titre, cette campagne est déplorable. Avec un discours vide et fantaisiste, cette joute électorale montre le niveau lamentable du débat politique. En vérité, elle dépasse les précédentes campagnes par la vacuité des prestations des candidats et la frilosité de l’ambiance. Grâce aux réseaux sociaux et à quelques chaînes de télévision privées, le citoyen vient de découvrir la duperie électorale. S’ensuivra nécessairement un désenchantement qui affectera la perception du citoyen à l’égard des assemblées élues et les institutions de l’État. Dans ce cadre, il faut tenir compte des conditions de précarité sociale qui assaillent le citoyen et la léthargie qui caractérise une administration fossilisée dans la bureaucratie.

Au regard du contexte politique inédit dans lequel se tiennent ces élections, quels sont vos pronostics quant à la participation ?  
D’évidence, organiser des élections législatives dans un contexte de crise politique, économique et sociale est en soi un risque de désaffection. En outre, l’absence d’une stratégie de communication de la part du gouvernement pour inciter les gens à voter a accentué la timidité de la campagne. On a l’impression que les autorités voudraient franchir une étape, quel qu’en soit le prix. Dans ces circonstances, la participation des citoyens se situera dans les mêmes proportions que les précédentes. Et si elle pouvait se situer à un niveau légèrement supérieur, cela reviendrait à l’activisme des partis islamistes qui ont pu sauvegarder leurs bases. Comme d’habitude, ces derniers n’hésiteront pas à instrumentaliser la religion, ils réactiveront leurs réseaux dormants. Mais, ils ne s’écarteront pas des pratiques du FLN et du RND, c’est-à-dire, qu’ils useront, in fine, de tous les ingrédients pour arracher la confiance d’une frange de la population.  

D’après vous, quels enjeux recouvrent ce scrutin autant pour le Hirak que pour le pouvoir ?  
Le Hirak continuera avec plus de ferveur. Dans la logique du mouvement, la future assemblée s’inscrit dans un simulacre de projet démocratique. Dans la perception des hirakistes,  il s’agit d’une farce électorale dont la dénonciation leur permettra de consolider leur légitimité.
Travaillant la société à l’échelle horizontale, le Hirak finira par acter une duperie électorale. La future assemblée lui fournira les moyens de justification de son combat. Pour le pouvoir, la question se pose autrement. Avec ces élections, il compte procéder à un ravalement de façade démocratique. Et accepter de gouverner avec des islamistes dévitalisés à force de fréquenter les couloirs du pouvoir, n’aura aucun risque pour l’équilibre des pouvoirs, dans la mesure où ceux qui président à leurs destinées veillent au grain. Dans une société imprégnée de religiosité, il est difficile de faire l’impasse d’un islamisme maniable et plus enclin à prendre sa part de la rente. Tout dépend de la stratégie du pouvoir et de l’environnement géopolitique régional dans la mesure où la donne islamiste traverse tous les pays du Maghreb et le monde arabe. L’islamisme s’apparente à un feu de tourbe. Le transformer en cendres de la main et de l’intelligence et le réactiver des vents dominants.
 

Propos recueillis par : KARIM BENAMAR

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