L’Actualité Le phénomène de la spéculation et la flambée des prix persisteNT sur le marché

Coordination inefficiente entre l’Agriculture et le Commerce

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Badreddine KHRIS Publié 05 Octobre 2021 à 10:08

Les spéculateurs continuent à imposer leur diktat sur le marché d’où la hausse abusive des tarifs des produits alimentaires. © D.R
Les spéculateurs continuent à imposer leur diktat sur le marché d’où la hausse abusive des tarifs des produits alimentaires. © D.R

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, vient de donner l’ordre de mettre en place une coordination étroite et sérieuse entre les ministères du Commerce et de l’Agriculture en vue d'assurer un contrôle maximal sur les produits agricoles, les légumineuses et les pâtes alimentaires.

Cette énième injonction dans la gestion des affaires de ces deux départements ministériels prouve, clairement, que le chef de l’État n’est pas satisfait du travail accompli jusque-là par les deux ministres en termes de lutte contre la spéculation et la flambée exagérée des prix des produits alimentaires, des fruits et des légumes. L’inexorable érosion du pouvoir d’achat du citoyen a visiblement déconcerté les plus hautes autorités du pays. Les premiers responsables de ces deux ministères ont eu, faut-il le reconnaître, du mal à coordonner leurs efforts pour atteindre l’objectif fixé. 

En dépit d’une offre jugée suffisante sur le marché, mission qui échoit au secteur agricole, et d’un contrôle censé être renforcé et assuré par les différents démembrements du commerce, les spéculateurs continuent à imposer leur diktat sur le marché à travers une mainmise sur l’approvisionnement des espaces commerciaux et une hausse abusive des tarifs des produits alimentaires. Des groupes de travail et des commissions mixtes, regroupant les responsables des deux institutions, ont été créés successivement et ont même élaboré une stratégie commune pour en découdre avec ce qui est devenu un phénomène “agro-commercial”.

Résultats des courses : 1 kilogramme de pommes de terre proposé chez les détaillants à … 100 DA ! 1 kilogramme de poulet à… 500 DA ! Pour ne citer que ces deux exemples. Le dernier point de discorde en date entre les deux ministres semble être cette vente directe par les agriculteurs sur les marchés de gros prise visiblement et de manière unilatérale par le ministre du Commerce qui n’aurait pas été appréciée par son collègue de l’Agriculture. Cette mesure a été prise dans le but d’éliminer les divers intermédiaires qui interviennent dans le circuit commercial depuis les champs des producteurs jusqu’au consommateur final. 

Tous ces intervenants dans la chaîne de commercialisation engendrent une spéculation synonyme d’envolée des prix. Or, dans la pratique, cette décision est difficilement applicable. En supprimant ces intervenants, c’est la corporation des mandataires qui en fera les frais. Pourtant, le rôle de cette corporation dans le commerce des fruits et légumes et la stabilité des prix sur les marchés de gros sont essentiels. Mieux, les tarifs pratiqués sur les espaces commerciaux de gros sont plus ou moins bas. C’est une fois la marchandise sortie des carreaux de vente en gros que la hausse des prix commence à être exercée par les intermédiaires qui ne sont autres que les revendeurs et les spéculateurs. Pour certains observateurs, la spéculation n’est pas la seule raison de la flambée des prix sur le marché. Ils citent aussi la sécheresse dont sont victimes les agriculteurs. Ce qui a poussé ces derniers, affirment-ils, à acheter de l’eau pour l’irrigation de leurs produits agricoles, afin de ne pas perdre leurs récoltes. 

Des peines allant jusqu’à 30 ans
Le secteur agricole souffre d’un manque flagrant de main-d’œuvre, alors qu’avec cette autorisation, le fellah abandonnera son champ pour se déplacer ailleurs en vue de vendre ses produits. Une meilleure organisation du marché, en principe, voudrait que chaque acteur exerce son propre métier. L’agriculteur doit se contenter de fournir des produits de qualité et en  quantités suffisantes. Il doit également laisser la distribution et la commercialisation aux agents spécialisés. L’autre fléau qui gangrène le commerce des fruits et légumes et fait flamber les prix a trait au marché informel. Sur les trottoirs et autres places illicites, des produits agricoles frais sont vendus trois fois le prix de gros. 

“Ce sont les revendeurs illégaux qui font monter les enchères. Ils s’approvisionnent pourtant des marchés de gros et pratiquent des augmentations dépassant les 100% en toute impunité et loin de tout contrôle des services concernés”, témoignent ces observateurs. Ils écoulent leurs marchandises sur ce qui est appelé communément les “tahtahate”, de vastes cours situées à proximité des marchés, formant le marché parallèle des fruits et légumes où aucune loi régissant l’activité commerciale n’est respectée… D’autres incongruités sont également pratiquées par certains opérateurs indélicats, notamment leur refus de déstocker leurs marchandises des chambres froides durant la période où l’offre connaît une baisse sur le marché provoquant ainsi une hausse des prix. 

Devant pareille situation, le Président a chargé le ministre de la Justice d’élaborer un “projet de loi relatif à la lutte contre le spéculation” avec des peines allant jusqu’à 30 ans de prison. Le ministre du Commerce a, également, ordonné de suivre la traçabilité de la production des produits de base, depuis leur cueillette jusqu'à leur entrée dans les marchés de gros et de détail, avec l’organisation de sorties sur le terrain, afin d’extraire les quantités stockées sur tout le territoire national.

 


B. K.

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