L’Actualité Arrestations de CITOYENS en Kabylie

Des comités de villages dénoncent un climat d’intimidation

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Ali BOUKHLEF Publié 27 Novembre 2021 à 09:57

Depuis l’été dernier, des centaines de citoyens ont été arrêtés en Kabylie. © D.R
Depuis l’été dernier, des centaines de citoyens ont été arrêtés en Kabylie. © D.R

Face à la multiplication des arrestations, des poursuites judiciaires et “la stigmatisation” de la Kabylie, des comités de villages de cette région s’élèvent contre ces pratiques et se sont adressés dans une lettre aux “hautes autorités du pays”.

Signé par des comités de villages de la Kabylie, issus essentiellement de la daïra d’Iferhounène ; “en attendant d’élargir l’initiative à d’autres régions”, ce document, dont nous détenons une copie, rappelle les souffrances endurées par cette région ces derniers mois. À commencer par la propagation de la pandémie, la crise de l’oxygène, avant d’arriver aux incendies ravageurs du mois d’août dernier. Des épreuves qui devaient inciter les responsables à “déclarer un plan d’urgence”. Mais au lieu de cela, “nous assistons malheureusement, depuis quelques mois, à des actes d’arrestation, d’intimidation et d’emprisonnement, qui s’abattent, sans distinction, sur des femmes et des hommes, intellectuels, artistes, personnalités politiques, voire des citoyennes et des citoyens ordinaires de cette région du pays”, constatent les rédacteurs du document.

Le constat des rédacteurs du document ne s’arrête pas là. Ils relèvent que “récemment”, “une campagne médiatique (…) présente à l’opinion publique nationale et internationale des citoyens arrêtés et avant leur traduction en justice”, comme étant “des terroristes” activant “à la solde” du “mouvement séparatiste”. “Cette campagne médiatique orientée a fini par se développer en un stéréotype stigmatisant allant jusqu’à traiter, par un média lourd de l’État”, la Kabylie de “région terroriste”, note le document. Tout en qualifiant l’assassinat de Djamel Bensmaïl d’“abject”, les rédacteurs de la lettre décrivent la région de Larbaâ Nath Irathen “terre natale de l’architecte de la guerre de Libération nationale, Abane Ramdane”, comme vivant “dans un climat de guerre”, tel que le prouvent “des renforts policiers inadéquats surtout que des dizaines de personnes sont jetées en prison”. 

Cette situation a des “conséquences”, rappelle le document qui note la naissance d’“un profond sentiment d’inquiétude et d’injustice” au point que des citoyennes et des citoyens “se sentent menacés dans leur liberté et font l’objet d’arrestations par les différents services de sécurité comme des ‘terroristes’ sur simple soupçon de lien avec ce mouvement ou ses partisans”. Tout en rappelant leur “attachement à l’unité nationale, à la Constitution et aux lois de la République”, les citoyens, signataires de cette lettre, mettent en garde contre “le degré de colère et d’inquiétude qui augmentent dans notre région”, et disent espérer que “les revendications soient satisfaites, afin de réinstaurer un climat de vie normale et d’éviter toute réaction de cette population menacée dans sa liberté”.

Outre ces constats, les rédacteurs du document rappellent ce qu’ils considèrent comme des revendications des citoyens de la Kabylie. Ils demandent notamment “la libération immédiate” des détenus et “l’arrêt de toutes les poursuites contre les citoyennes et les citoyens en détention”. 
Ils réclament “des mesures adéquates pour protéger les citoyennes et les citoyens contre toute campagne politique et médiatique de stigmatisation les assimilant injustement à des terroristes” et appellent à “respecter les acquis culturels et identitaires amazighs”. 

Ce message est la première réaction émanant de la société civile de Kabylie après la campagne d’arrestations qui a touché des militants de la région. 
Menée publiquement contre le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) officiellement considéré comme “mouvement terroriste”, cette campagne a mené à l’arrestation de plusieurs militants, y compris ceux qui ne font plus partie du mouvement séparatiste. Par crainte d’être ciblés, d’autres jeunes militants sont entrés en clandestinité pour échapper aux rafles des services de sécurité. 

 


Ali Boukhlef

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