L’Actualité DISPARITION DE L’UNIVERSITAIRE HADJ MILIANI

Des hommages à un professeur à part

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Karim BENAMAR Publié 03 Juillet 2021 à 22:42

© D. R.
© D. R.

“Tu étais de tous les rendez-vous scientifiques, de toutes les réunions de travail, je te croisais à ton bureau à l’ITA et je t’accompagnais parfois à l’autre bout de la ville pour que tu fasses tes examens, tes cours, tes séances d’encadrement avec tes mastérants ou tes doctorants, aujourd’hui orphelins de toi, ou pour que tu remettes des copies, puis tu reprenais la route pour Oran pour, le lendemain, être au Crasc ou les vendredis au Hirak auquel tu tenais tant à participer…”, loue Ibtissem Chachou, une des aciennes étudiantes de Hadj Miliani, devenue son collègue.

Une reconnaissance qui vaut tous les titres dont on peut gratifier un professeur. L’hommage de cette étudiante à son enseignant disparu résume à lui seul la place toute particulière qu’occupe Hadj Miliani dans le monde universitaire et au-delà.  

Deux jours après sa disparition brutale, le professeur émérite Hadj Miliani, universitaires, artistes, acteurs culturels est couvert d’hommages que lui rendent étudiants, enseignants, intelelctuels et anonymes. Ils témoignent de l’exceptionnel semeur de connaissance et de savoir que fut le maître de beaucoup de générations d’étudiant-es. 

Les témoignages sur la vie et le parcours exceptionnel du regretté Hadj Miliani, natif d’Oran, continuent de pleuvoir, après le décès, vendredi matin, de celui qui aura consacré sa vie durant à la recherche académique et à la culture.

Universitaires, chercheurs, acteurs culturels continuent d’inonder les réseaux sociaux, évoquant, qui une rencontre avec le monument de la culture locale, qui les œuvres du prolifique académicien ou encore des artistes qui témoignent de l’apport inestimable de Hadj Miliani à la culture.

Beaucoup de jeunes l’ayant rencontré dans les marches hebdomadaires du Hirak témoignent également de l’engagement du professeur de littérature auprès des siens, avec une aspiration farouche pour une Algérie libre, plurielle et démocratique. Auteur de plusieurs livres, études et articles autour du patrimoine musical de l’Oranie (raï), Hadj Miliani aura marqué le milieu artistique d’une empreinte indélébile.

“Il est le premier à avoir traité la musique raï comme un objet sociologique qui raconte l'histoire et les souffrances de l'Oranie sous la colonisation”, écrit le sociologue émérite Addi Lahouari. “Le spécialiste du chi'r el-malhoune, c'est lui”, poursuit-il sur sa page Facebook. Dans son texte, Addi Lahouari évoque la passion que Hadj Miliani nourrissait pour le patrimoine culturel immatériel qu’il avait embrassé, alors qu’il était lycéen.

La disparition de Hadj Miliani, emporté, vendredi matin, par la Covid-19, laissera sans doute un immense vide autant dans les amphis que dans les salles de ciné ou encore dans les théâtres. Il faut dire que c’était un homme qui était partout. Un rendez-vous, lui-même, avec la culture. “Il était partout. Là où on parlait littérature, arts, culture, il était présent. On l'entendait discuter, débattre, critiquer”, se rappelle Amel Maafa, maître de conférences en littérature francophone à la Faculté des lettres et des langues de l’Université de Guelma.

“Comment ne pas aimer cet homme ?”, lâche-t-elle. “Il a tellement apporté à l’Université algérienne, à la culture, à la littérature. Il était généreux, modeste, curieux, altruiste, avec un franc-parler bien à lui”, témoigne encore l’universitaire qui avoue avoir eu de la chance de partager avec cet “immense homme” des moments riches de connaissance et de savoir.

“L'Algérie perd un universitaire de talent, Oran perd une grande figure intellectuelle et moi je perds un ami facétieux”, lâche-elle non sans tristesse. Nullement enfermé dans sa tour, Hadj Miliani était un universitaire proche des réalités de son peuple oranais et algérien. Un universitaire comme en on croise rarement par ces temps de régression inféconde.
 

K. BENAMAR

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