L’Actualité À QUELQUES JOURS DE L’AID AL-ADHA, LES PRIX DU MOUTON DEMEURENT INABORDABLES

DUR SACRIFICE

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Badreddine KHRIS Publié 12 Juillet 2021 à 22:40

© Liberté
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Gagné par la spéculation, le  marché  du mouton  de  l’Aïd  est, cette année, quasiment inaccessible même  pour  les bourses  moyennes. Saignés à blanc par la crise économique et la pandémie de Covid, les citoyens se plaignent d’une hausse des prix de l’ovin qui dépasse, dans certaines  régions  du  pays,  20%  par  rapport   aux  années précédentes.

à quelques encablures de la cité Aïn Naâdja, relevant de la daïra de Gué de Constantine, au lieudit “Chato” (abréviation de Château d’eau), Hafid, la trentaine révolue, vêtu d’un tee-shirt, d’un bermuda et d’une casquette, est assis devant un espace clôturé avec des morceaux de bois de fortune protégeant un troupeau de moutons. “Quelle est la fourchette des prix que vous pratiquez ?” l’interrogeons-nous. 

“C’est entre 55 000 et 85 000 DA”, répond le jeune homme, un revendeur habituel, qui vient d’installer son “point de vente” plutôt de “revente” improvisé, il y a à peine deux jours, non loin de la cité où il habite. “Je n’allais pas acheter cette année. D’habitude, je ramène le bétail de chez les fournisseurs, un mois et demi avant l’Aïd. Cette année, je ne l’ai pas fait car les prix sont excessivement élevés. Je n’ai pas pu acheter puisque le marché était brûlant”, déclare-t-il tout de go. La preuve de cette flambée est qu’aujourd’hui, argue-t-il, “je n’ai pas ramené d’agneaux.

À quel prix tu vas le vendre ? À 50 000 DA ? De par son gabarit, aucun client ne l’accepterait”, explique Hafid qui ne cache pas sa déception pour l’année en cours contrairement à celle écoulée. 

“La hausse des prix par tête se situe entre 8 000 et 10 000 DA entre 2020 et 2021”, affirme-t-il. “Celui-là, je l’ai acheté 45 000 DA, j’étais obligé de le céder au même prix à l’un de mes voisins qui sont mes clients traditionnels”, indique-t-il en montrant du doigt un bélier à la carcasse moyenne.

“L’année dernière, les agneaux étaient cédés par les maquignons en gros à 30 000 DA. Cette année, on leur a fait une offre à 45 000 DA, mais ils n’ont pas voulu vendre”, argumente encore ce détaillant. Cette augmentation des prix est due, selon lui, à la rareté du cheptel.

“L’éleveur, qui disposait l’année écoulée de 1 000 têtes, n’en a que 500 cette année. Il est contraint de vendre une partie de son bétail pour acheter l’aliment aux autres bêtes. En plus, l’aliment de bétail est devenu trop cher. Le quintal d’orge a atteint 7 500 DA”, constate ce revendeur. Et chaque bête, ajoute-t-il, consomme jusqu’à 2 kg par jour.

“Les dépenses de l’éleveur pour l’alimentation de son cheptel dépassent les 15 000 DA/mouton/jour. Que peut-il faire face à toutes ces charges ?”, s’interroge notre interlocuteur. “Il n’a d’autre choix que de vendre ses bêtes pour acheter de l’aliment de bétail”, souligne Hafid qui a l’habitude de se déplacer vers les wilayas de Djelfa, d’El-Bayadh, de Laghouat, de Nâama (Mecheria), de Tlemcen. “Cette année, j’ai fait la tournée de toutes ces wilayas, mais j’ai acheté de Hassi Bahbah (Djelfa)”, précise-t-il.

“Désormais, même au sud du pays, les maquignons pratiquent des prix élevés. Ils s’informent via le mobile ou Facebook des tendances dans la capitale pour s’aligner sur ces tarifs”, déplore ce revendeur. Ses clients habituels ont acheté des moutons moyens entre 60 et 65 000 DA. Mais l’un de ses voisins a opté pour celui affiché à 85 000 DA. “Ce sont deux frères qui vont se le partager.

Chacun a contribué avec la moitié du prix. Car avec la somme de 45 000 DA, ils ne pouvaient pas s’offrir un mouton ayant une carcasse acceptable”, relève-t-il. Aux environs de Birkhadem, les revendeurs se font de plus en plus discrets. Mahdi, un jeune revendeur, a exploité, il y a plus d’un mois, la cour d’une cité pour installer son cheptel. “Nous proposons des moutons allant de 45 000 à 73 000 DA”, précise-t-il. 

Ce détaillant reconnaît la hausse des prix en 2021 qui a dépassé, selon lui, les 8 000 DA par tête. En cas de mévente d’ici à la veille de la fête de l’Aïd, les prix connaîtront forcément une baisse, estime Mahdi, qui s’“approvisionne” de Mecheria et de Bogtob (El-Bayadh).

À Saoula, Kamel, la quarantaine, un des revendeurs de moutons dans cette commune, a utilisé le jardin d’une villa pour exposer son bétail, évalué entre 30 000 et 100 000 DA l’un. Pour lui, la hausse des prix est réelle. Il la situe entre 8 000 et 10 000 DA par mouton. Outre la flambée des tarifs de l’aliment, il avance comme autre argument de cette hausse des prix du bélier, la sècheresse qui a touché de nombreuses wilayas réputées pour l’élevage ovin. 

Des moutons entre 30 000 et 60 000 DA à l’Onilev
Ses bêtes viennent d’El-Idrissia dans la wilaya de Djelfa. “Les ventes ont vraiment baissé en comparaison à l’année écoulée. Le mouton qui se vendait à 45 000 DA en 2020 est cédé à 55 000 DA aujourd’hui”, constate-t-il. “Le citoyen au revenu moyen était obligé d’utiliser l’argent économisé pour le mouton de l’Aïd dans l’achat d’une citerne à cause du rationnement de l’eau…”, dira-t-il.

Par ailleurs, le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a ouvert 665 points de vente de moutons sur l'ensemble du territoire national, dont 130 à Alger, remplissant les conditions de prévention contre la pandémie de coronavirus, en plus de l'examen vétérinaire. 

Ces points de vente sont encadrés par 2 382 vétérinaires et techniciens relevant du secteur public, outre les vétérinaires privés qui participent à l’encadrement à titre individuel. À cet égard, le ministère appelle les citoyens à se rendre aux points de vente agréés pour acheter les moutons disposant de certificats vétérinaires, et qui ont été ouverts par décision de wilaya, et éviter l'acquisition de moutons dans les endroits où il n'y a pas de vétérinaires. 

Le citoyen peut utiliser la plateforme électronique “firma.dz” qui permet au consommateur d’identifier avec précision les lieux de vente disponibles à proximité de son domicile. L’un des points de vente n’est autre que celui mis en place par l’Office national interprofessionnel des légumes et des viandes (Onilev) devant son siège à Aïn Benian. 

“Sur un espace que nous leur avons aménagé chez nous, des maquignons venus de Tiaret et de Djelfa vendent directement leurs moutons aux consommateurs dans la fourchette de 30 000 et 60 000 DA”, souligne Kamel Djeffal, chargé de communication à l’Onilev. Il encourage les citoyens à opter pour ces points de vente car les moutons proposés bénéficient d’un suivi et d’un contrôle rigoureux de la part des vétérinaires mobilisés pour la circonstance. 

L'Algérienne des viandes rouges (Alviar), filiale du groupe Agrolog, vend, elle aussi, des bêtes de sacrifice pour l'Aïd El-Adha au niveau national à des prix oscillant entre 32 000 et 60 000 DA, a fait savoir le directeur des études et du développement de l'entreprise et chargé de communication, Ziani Ali. Cette entreprise a ouvert six points de vente au niveau national, à savoir à Birtouta (Alger), à El-Bouni (Annaba), à Es-Senia (Oran), outre 2 autres à Bejaïa et à la ferme de Si Antar (Médéa).
 

Badreddine KHRIS

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