L’Actualité les Propos de Nordine Aït Hamouda sur l’émir provoquent une polémique nationale

Histoire, les passions s’enflamment

  • Placeholder

Karim BENAMAR Publié 20 Juin 2021 à 21:16

© D.R
© D.R

Polémique ! Les propos tenus par Nordine Aït Hamouda, fils du colonel Amirouche, ont eu l’effet d’une bombe à fragmentation. Ils continuent d’enflammer la Toile, trois jours après que l’invité de la chaîne de télévision privée El Hayat TV a qualifié l’Émir Abdelkader et d’autres figures du mouvement national et de la Révolution, Messali El-Hadj et Houari Boumediène, de “traîtres”. Nordine Aït Hamouda n’a pas lésiné sur les qualificatifs lors de cette émission, jeudi soir, contre ces figures historiques qui, selon lui, n’ont donc aucun mérite dans le combat libérateur contre le colonialisme. “C’est l’Histoire qui le dit. Ce n’est pas moi qui dis qu’il est un traître (en référence à l’Émir Abdelkader, ndlr). C’est l’Histoire qui l’a condamné”, a-t-il asséné, en présentant des documents à l’animateur de l’émission, des preuves, selon lui. Nordine Aït Hamouda expliquera ensuite que “l’Émir Abdelkader a combattu la France pendant 15 ans, puis il a combattu aux côtés de la France”. 

Des propos qui ont enflammé la Toile et nourri une grosse polémique. Pour étayer ses propos, Aït Hamouda a ajouté que la “reddition” de l’Émir Abdelkader suffit pour conclure à sa “trahison”, alors que beaucoup de chefs historiques, même sous le coup de la torture, ne se sont jamais rendus, a-t-il laissé entendre. “Amirouche a été encerclé par les Français à Boussaâda avec l’aviation et des milliers de soldats et il s’est battu jusqu’à la mort. Il pouvait se rendre. S’il l’avait fait, il serait encore vivant. Beaucoup de dirigeants de la Révolution se sont d’ailleurs rendus”, a-t-il rappelé. Le traité de la Tafna est aussi une “trahison”, selon lui. “Il (l’Émir Abdelkader) a remis l’Algérie à la France. L’Algérie n’est pas son bien personnel pour qu’il décide de la céder ou non. La différence avec Krim Belkacem, c’est que ce dernier a signé les accords d’Évian pour arracher l’Algérie à la France, et l’Émir a signé les accords de La Tafna pour céder l’Algérie à la France”, a accusé Nordine Aït Hamouda, ex-député.

Tollé !
Sur les réseaux sociaux, trois jours après cette émission, les internautes réagissent encore, chacun allant de sa propre appréciation. Plusieurs personnalités et universitaires se sont également emparés de cette polémique. D’aucuns se sont posé la question de l’intérêt de cette polémique dans ce contexte précis, post-législatives. “Au moment où le pouvoir est acculé, isolé et désemparé par les résultats des législatives, marquées par un taux d’abstention historique, on nous sort une polémique dont la seule fin est de créer de la diversion en faveur du régime”, écrit un internaute. Le sociologue et intellectuel Addi Lahouari voit également dans cette polémique une forme de diversion. 

Dans un texte publié, hier, sur sa page Facebook, le sociologue s’interroge, en effet, sur l’intérêt de cette polémique, intervenant dans ce contexte politique. “Une polémique aussi stérile qu'indigne a été lancée par Nordine Aït Hamouda récemment au sujet de l'Émir Abdelkader, et aussi de leaders nationalistes originaires de l'Oranie. De nombreuses voix ont compris que la finalité de cette entreprise était de monter l'Oranie contre la Kabylie qui, courageusement, continue le Hirak chaque vendredi. L'opération a bien sûr échoué grâce à la vigilance des hirakistes qui ont vu que le principal bénéficiaire de cette opération est le régime qui essaye d'isoler la Kabylie”, a-t-il dit, avant de rappeler le contexte historique dans lequel est intervenu le traité de la Tafna. Interrogé, l’historien Amar Mohand Amer, s’il refuse de commenter cette “affaire”, conclut vite à une forme de perversion de l’Histoire. “On assiste à une forme de clochardisation de l’Histoire.

Tout venant, pour créer le buzz, puise dans l’Histoire et se donne le droit de traiter des figures de l’Histoire de traîtres”, déplore-t-il, ajoutant que “des travaux sérieux sur l'Émir Abdelkader existent, pour celles et ceux qui veulent s'informer. Le rôle des historiens n'est pas de répondre aux élucubrations de tel ou untel”. Commentant, de son côté, cette polémique, l’intellectuel Noureddine Boukrouh pense que l’apparition même de cette polémique est sujette à des interrogations. “Nordine Aït Hamouda s’est exprimé non comme un historien compétent, mais comme un ‘délateur’ sur une chaîne TV connue pour son mercenariat”, a-t-il dit. Dans un texte publié sur sa page Facebook, Boukrouh a fait savoir que les propos de Nordine Aït Hamouda ne sont pas innocents. “Nous avons assez à faire avec le présent pour aller chercher dans les cimetières des raisons supplémentaires de diviser notre pays. L’apparition de cette polémique est un écho favorable aux efforts du pouvoir pour acculer la Kabylie au séparatisme”, a-t-il écrit. 

K. B.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00