L’Actualité LE PRODUIT ENREGISTRE DES PERTURBATIONS DANS L’APPROVISIONNEMENT SUR LE MARCHÉ

LA CRISE DE LA FARINE REFAIT SURFACE !

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Badreddine KHRIS Publié 23 Août 2021 à 00:28

© D. R.
© D. R.

Une vingtaine de jours à peine depuis que le problème a été réglé par les autorités,  voilà que la pénurie  de  farine  se  fait sentir à nouveau sur le marché national.

Crise réelle de la farine ou simple spéculation des opérateurs activant dans ce créneau d’activité ? La question reste à ce jour posée. Chacun des deux antagonistes, en l’occurrence les intervenants dans la chaîne de production et de distribution qui évoquent une rareté de ce produit et les responsables du secteur du commerce qui apportent un démenti formel, campent sur leurs positions. 

Pis encore, ils avancent des arguments par presse interposée. À chaque fois que la problématique est soulevée, c’est le citoyen qui se fait rouler dans… la farine. Car, il est souvent confronté à une pénurie de pain, imposée par les boulangers qui invoquent un manque flagrant de matière première, à savoir la farine panifiable sur le marché. En dépit des quantités plus que suffisantes produites par les minoteries et les stocks rassurants constitués par les grossistes, des perturbations dans l’approvisionnement des boulangeries persistent toujours. 

“Nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère du Commerce, le groupe public Agrodiv, notre Fédération des grossistes en semoule et farine et les boulangeries, mais ces perturbations dans l’offre sur le marché persistent. Nous n’arrivons pas à situer à quel niveau se pose ce problème”, déclare Issam Bendrissi, secrétaire national et directeur de cabinet au sein de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). “Mais le phénomène de la spéculation existe bel et bien sur le marché”, reconnaît-il.

Cette rareté provoquée par les producteurs a pour finalité une révision unilatérale à la hausse des prix. Il existe des spéculateurs parmi les gérants de ces minoteries qui, en fermant leurs usines, s’adonnent à la revente des sacs de farine, achetés à 2 000 DA, pour les céder à 2 900 DA. Certains boulangers l’ont achetée à 3 200 DA. 

Ces derniers refusent, en effet, de travailler avec la facturation et préfèrent s’approvisionner en farine auprès des grossistes à des prix exorbitants. Ce n’est pas l’avis du directeur général de la régulation et de l’organisation des marchés au ministère du Commerce, Sami Kolli, qui a affirmé, récemment, que le farine est disponible sur le marché en “quantités suffisantes”. Selon lui, ces minoteries bénéficient d’importantes quantités de blé tendre, estimées à  317 000 quintaux, destinées à produire  24 000 quintaux de farine. 

“Cette quantité suffit à la fois pour l’Algérie et pour les pays voisins”, avoue un observateur très au fait de cette activité. De ce volume, “5 100 quintaux sont destinés en permanence aux boulangeries”, a précisé M. Kolli. Cela dit, le problème s’est posé au début du mois en cours, lorsque les gérants des 432 moulins ont mis leurs unités en arrêt technique.

Alerté, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a aussitôt instruit ces unités de reprendre le travail et de reporter leurs congés au mois de septembre prochain.

Face à toutes ces rumeurs, de “nombreux boulangers ont fermé prétextant une pénurie de farine, mais ils n’hésitent pas à revendre celle-ci en deuxième main”, déplore M. Bendrissi. Ce syndicaliste se dit partisan d’une révision profonde du système des prix et des subventions qui, selon lui, génèrent souvent des spéculations. 

Créneau rongé par la spéculation 
“Il est grand temps pour que les subventions décidées par l’État sur les produits de première nécessité soient orientées vers les véritables nécessiteux”, propose-t-il. Ce soutien de l’État doit impérativement être revu, relève ce responsable de l’Ugcaa, car “il est devenu la source des crises et donne naissance à un monopole sur plusieurs produits et à une catégorie de spéculateurs sur le marché national”. 

Ces marchands exploiteurs de crises et de conjonctures activent tous dans le marché parallèle qui absorbe, évalue-t-il, environ 70% de l’économie nationale. “Et le marché noir est exploité comme un terrain propice à la spéculation”, rappelle-t-il. Les autorités sont tenues, de ce fait, d’imposer le système de facturation et l’usage obligatoire du chèque dans les transactions commerciales, suggère-t-il.

Plus explicite, Issam Bendrissi souligne que “cette situation où la facture et le chèque ne sont pas utilisés profite uniquement aux producteurs et aux importateurs, et non aux petits commerçants”. Pour sa part, le président de l’Association nationale pour la protection des consommateurs (Apoce), Mustapha Zebdi, souligne que le problème n’a aucun lien avec l’offre. Celle-ci demeure suffisante. 

Cependant, certains acteurs du marché veulent semer la panique, afin de provoquer une rareté des produits avec laquelle ils justifieront une hausse des prix. À propos des tarifs, l’on déplore la hausse exercée par les boulangers qui ne vendent désormais que des baguettes de pain de 15 et 20 DA au lieu de 8,50 DA, prix fixé par l’État.

Ce qui est navrant également, c’est que cette baguette proposée à la clientèle n’a pas le poids conforme à la réglementation. La quantité de pâte qui devait être utilisée pour une baguette est de 250 grammes, mais les boulangers n’en mettent qu’environ 160 grammes… 
 

Badreddine KHRIS

 

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