L’Actualité Des milliers de personnes ont manifesté hier dans les rues de la capitale

Le Hirak maintient la pression

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Karim BENAMAR Publié 10 Avril 2021 à 00:24

Les hirakistes étaient nombreux à battre le pavé hier à Alger. © Louiza Ammi/Liberté
Les hirakistes étaient nombreux à battre le pavé hier à Alger. © Louiza Ammi/Liberté

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté hier à Alger réclamant la  libération  des  détenus  du  Hirak  et  rejetant  les  prochaines  élections législatives.

Des milliers de personnes ont battu hier le pavé, à Alger, dès la fin de la prière du vendredi, vers 13h20, plus de deux mois après la reprise du Hirak, le 22 février  dernier.  Les  rues  d’Alger  ont  vibré  aux  slogans  antisystème habituels  des  manifestants, visiblement  déterminés  à maintenir la pression de la rue et poursuivre la contestation, malgré les tentatives de récupération et les polémiques de ces dernières semaines entourant le Hirak. 

Comme il fallait s’y attendre, l’arrestation de plusieurs activistes, dimanche et lundi derniers — 24 au total — était sur toutes les lèvres. Beaucoup de colère sur le visage d’hommes, de femmes et de jeunes. Dès le début de la manifestation qui s’est ébranlée de  la  mosquée Errahma, à  Alger-Centre, les protestataires ont scandé des slogans réclamant la libération “immédiate et sans condition” des hirakistes pacés sous mandat de dépôt la semaine dernière.

“Libérez nos enfants”, “Attaquez-vous aux vrais corrompus du système, pas aux citoyens pacifiques”, “Libérez-les afin qu’ils passent le Ramadhan en famille”, ont martelé les femmes présentes au milieu de la foule. Beaucoup d’écriteaux et de pancartes ont réclamé également une justice libre et indépendante. 

“Que cesse la justice du téléphone”, “Que cessent les arrestations arbitraires”, “Justice indépendante”, “Je suis en colère contre l’arbitraire”, “Nos enfants ne constituent pas une menace, la menace vient de vous” sont autant de slogans écrits en gras et en gros sur les pancartes brandies par les citoyens. L’ombre du célèbre jeune poète du Hirak a plané également sur toute la manifestation.

Les marcheurs, à la rue Didouche-Mourad, Hassiba-Ben Bouali, au centre d’Alger  ou  encore, à  Bab El-Oued, à l’Ouest, ont  réclamé, à  l’unisson, la libération du “poète du Hirak”.

Les  manifestants  ont  laissé  éclater  leur  colère  contre  l’arrestation, dimanche, de  Mohamed  Tadjadit, avec  quatre  autres  jeunes, tous poursuivis dans l’affaire de Saïd C., âgé de 15 ans, arrêté samedi dernier, lors d’une tentative de marche, avant d’être relâché en fin de journée. Une vidéo, dans laquelle apparaissait Tadjadit, le montrant en pleurs et en colère, et dans laquelle il a accusé des policiers de graves dépassements, avait provoqué un véritable tollé au sein de l’opinion. 

La  marche, à  Alger, a  été  également  une  occasion  pour  beaucoup de citoyens d’affirmer leur rejet des prochaines élections législatives. Vers 15h, quand les cortèges sont arrivés des quartiers de Bab El-Oued et de Belouizdad au centre d’Alger, la foule a scandé des slogans contre ce qu’elle considère comme un “simulacre” de vote. “Makkach intikhabate m3a el 3issabate” (pas d’élections avec la mafia), “Dégagez tous”, “Votre simulacre d’élections ne passera pas” ont scandé les manifestants qui semblent, plus que jamais, déterminés à barrer la route à ces échéances.

Pour de nombreux citoyens, seule la reprise de la souveraineté populaire permettra de remettre l’Algérie dans la voie d’un État de droit. Et ce ne sont, visiblement, pas les “mises en garde” des autorités qui feront reculer les Algériens engagés. 

La  mobilisation  citoyenne  montera-t-elle  en  puissance  à  mesure qu’approche  ce  rendez-vous  électoral ? “Sans  aucun  doute”, prédit  le chercheur  et  sociologue  Rabeh Sebâa.  Pour  lui, il faut  s’attendre, les prochaines semaines, à une montée en puissance des manifestations, comme lors des précédentes échéances électorales, soit l’élection présidentielle et le référendum sur la Constitution. 

“Le contexte préélectoral va sans  doute galvaniser les hirakistes à l’occasion de ces élections, perçues par la plupart des Algériens comme un passage en force du pouvoir en place contre  la  volonté  des  Algériens qui réclament un changement profond et une rupture radicale avec le système”, analyse-t-il. 
 

Karim B.

 

 

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