L’Actualité Polémique autour d’une prétendue mainmise des résidus du FIS sur le Hirak

L’épouvantail islamiste

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Ali BOUKHLEF Publié 28 Février 2021 à 23:47

Le pouvoir semble désarçonné par le retour en force du hirak. © Louiza Ammi/Liberté
Le pouvoir semble désarçonné par le retour en force du hirak. © Louiza Ammi/Liberté

Y a-t-il réellement  une  mainmise  islamiste  sur  le  Hirak  comme l’allèguent   certaines  voix  hostiles   au   mouvement   populaire, lesquelles  s’appuient  dans  leur assertion sur  des  mots  d’ordre scandés  lors  des  marches  du  vendredi ? “Ces slogans sont un  épiphénomène”, répond le sociologue Nacer Djabi.

Le retour des   marches  du  Hirak, après  une  année  de  veille  imposée  par l’irruption  de  la  crise  sanitaire, semble  avoir  désarçonné  le  pouvoir qui, visiblement, ne sait  comment  s’y  prendre  pour  tenter  de  brimer un mouvement avec lequel, il faudra désormais compter.

Toutes les manœuvres visant à  casser l’élan de  la révolution pacifique, avec son lot de répression et de condamnations, n’ont pas entamé la détermination des citoyens à aller au bout de leur mouvement.

Et c’est dans ce contexte que la polémique  éclate sur l’influence, fausse ou avérée, de certains courants islamistes sur l’évolution des slogans scandés lors des marches, notamment de vendredi dernier. Y a-t-il réellement une mainmise islamiste sur le Hirak, comme l’allèguent certaines voix proches du pouvoir ? Dès vendredi soir d’ailleurs, le ton est donné.

Une déclaration prêtée à des “sources sécuritaires” anonymes et pointant du doigt des slogans scandés lors des marches, “hostiles à la voie nationaliste, devenus la marque déposée d'un mouvement interdit et d'adeptes d'un parti dissous”, est lue au JT de 20h.

L’allusion au FIS et au mouvement  Rachad est  claire  comme  de  l’eau de roche. Comme cela a été constaté, certaines pancartes et slogans entonnés ou portés par des manifestants confirment l’influence de  ces courants dans certains carrés. Mais  cela  nous  autorise-t-il à affirmer  que  le  mouvement populaire est soumis  à  une  manipulation  outrancière  des résidus du FIS dissous ?

La réponse à cette question est venue du Hirak lui-même. L’incursion de ces slogans a, en effet, été vivement dénoncée par les hirakistes eux-mêmes, qui n’ont pas hésité à rejeter un discours et des mots d’ordre qui n’ont rien à voir avec la révolution pacifique du peuple algérien.

Certaines figures, à l’image de l’avocat Réda Doghbar, ont d’ailleurs tout de suite resitué les termes du débat. “Nous avons demandé le changement de régime,  pas la  chute  de  l’État.  Nous  avons  demandé  la  liberté  pas  la dissolution de l’armée”, a-t-il tonné.

Son message a été lu, commenté et partagé des dizaines  de milliers de fois. Pourtant, pour  d’autres  acteurs  du Hirak, ce  qui  s’est  passé vendredi est tellement marginal qu’il n’y a pas de quoi polémiquer.

Pour Fethi Gharès, coordinateur national du Mouvement démocratique et social (MDS), “le peuple n’a qu’un slogan : ‘La démocratie’”. Pour lui, les slogans scandés contre les services de renseignement sont “justifiés par la torture” dénoncée par certains militants, à l’image de Walid Nekkiche.

“C’est le pouvoir qui sème la  confusion”, dira-t-il, tout en ajoutant que “c’est le pouvoir qui pousse les manifestants  à  scander  ces  slogans en torturant, en tentant de diviser les Algériens”.  Pour Fethi Gharès, “les Algériens ont appris les leçons des années 1990. Ils détestent le terrorisme et ne tomberont jamais dans le même piège”.

À la  question  de  savoir  si  les  islamistes  ne  tentent  pas  de  récupérer  le mouvement, le responsable politique  est formel : “Celui qui veut diviser, va se casser les dents.”

Tout comme Fethi Gharès, le  sociologue Nacer Djabi, également figure du Hirak, estime que ces slogans sont “un épiphénomène”. “Les slogans des islamistes sont naturels pour un mouvement aussi vaste, aussi large et non structuré”, précise l’universitaire, qui évoque “de petits groupes structurés qui écrivent, scandent des slogans qu’ils filment et diffusent en masse pour faire croire à leur mainmise sur le mouvement”.

Nacer  Djabi  rappelle  que  cela  ne  reflète  pas  “la  grande  masse”  des manifestants  qui  ne  sont  pas  forcément   visibles.  Mais  il  ne  nie  pas  la possibilité  de  voir  ces  groupuscules  tenter  de  récupérer  le  mouvement populaire. “C’est pour cela que nous devons opérer un saut qualitatif dans nos slogans, notre organisation et notre stratégie.” 
 

Ali BOUKHLEF

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