L’Actualité Révision de leur statut et indépendance de la justice

Les juges haussent le ton

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Ali BOUKHLEF Publié 27 Février 2022 à 11:16

© Archives Liberté
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Lors d’une rencontre tenue hier à Alger avec les juges du centre du pays, le président du Syndicat national des magistrats (SNM), Issad Mabrouk, s’en est pris autant à ses collègues qu’aux autorités en réclamant “plus d’indépendance de la justice”.

Issad Mabrouk en a visiblement gros sur le cœur. Le président du Syndicat national des magistrats (SNM) s’est, pour la première fois, attaqué à certains de ses collègues qui en rendant “des jugements” qui ne sont pas “équitables” peuvent, selon lui, “provoquer des troubles”. Loin des procès politiques surmédiatisés, le chef du syndicat des magistrats veut particulièrement mettre le curseur sur des dérives susceptibles de naître de décisions de justice “injustes” et “non équitables”. Dans un discours prononcé devant les cadres du SNM du centre du pays, Issad Mabrouk a surtout mis l’accent sur le problème de formation et de compétences dont souffrent certains de ses collègues. “L’indépendance de la justice commence par une bonne formation des juges”, a-t-il dit tout en assurant qu’un juge “bien formé” qui “rend des décisions justes” ne peut être sous l’influence de “quiconque”. A contrario de cette situation, Mabrouk a cité l’exemple des juges chargés des questions foncières qui, par des décisions “injustes” ou “inexactes”, peuvent “provoquer des troubles”, voire provoquer mort d’homme. Pour lui, “le rôle des juges est de régler des problèmes et non de les créer”, a-t-il encore ajouté. Il s’en est également pris à des tribunaux administratifs qui seraient “utilisés” comme moyen “d’asseoir le pouvoir” de “certains”.

Cet aspect clos, le président du syndicat des magistrats, qui en passant a confié à des journalistes que la corruption est “un problème de toute la société”, a demandé aux députés de “corriger” les deux lois qui leur sont soumises ces jours-ci, à savoir le statut des magistrats et la loi organique définissant les modalités de l’élection des membres élus du Conseil supérieur de la magistrature. Le SNM “demande aux députés d’exercer leurs prérogatives afin d’introduire les changements adéquats permettant de garantir l’indépendance du pouvoir judiciaire, devenu une revendication citoyenne et non corporatiste”, notent d’ailleurs les résolutions rendues publiques après la fin des travaux. Alors que les deux textes sont au niveau du Parlement, le SNM demande toujours aux syndicats, aux partis politiques et à la société d’engager “un débat de fond” sur les deux projets.

Une manière de proposer une relecture de ces deux textes qui sont pourtant passés par une commission mixte, constituée des représentants de la chancellerie et des juges. Mais visiblement, les remarques formulées par les syndicalistes n’ont pas été prises en compte par le ministère de la Justice lors de la transmission des projets de loi au Parlement. Ce qui a fait dire au SNM que cela était l’œuvre de “chambres sombres”, sans aller très loin dans l’accusation, ni de situer les “parties” qui n’auraient pas pris en compte les propositions des magistrats. Il a même brandi la menace de durcir l’action des juges dans le cas où leurs revendications ne seraient pas satisfaites. 

En plus de les appeler à la mobilisation pour “la consécration de l’indépendance de la justice” dans cette période “charnière”, le SNM demande à ses membres d’avoir des relations “apaisées” et “complémentaires” avec tous les acteurs du secteur de la justice. Il s’agit, selon Issad Mabrouk, des avocats, des greffiers et d’autres fonctionnaires de la justice. “Un juge ne doit pas se couper de son environnement”, a-t-il assuré.

 


Ali Boukhlef

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