L’Actualité farid bencheikh nommé hier à la tête de la dgsn

Quel nouveau visage pour la police

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Ali BOUKHLEF Publié 16 Mars 2021 à 23:06

© D. R.
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Le profil atypique de cet éminent criminologue qui a rejoint les rangs de la police dans les années 1990, pourrait aider  à redorer  le  blason de ce corps de  sécurité, terni par  des  dépassements  commis à l’endroit des citoyens.

Depuis  hier,  la  police  nationale  a  un  nouveau  patron.  Farid  Zineddine Bencheikh a été installé hier dans ses nouvelles fonctions de directeur général de la Sûreté nationale (DGSN) en remplacement de Khelifa Ounissi, limogé.

Le ministre de l’Intérieur qui a procédé à l’installation du nouveau DGSN n’a pas livré les raisons de ce changement à la tête de l’institution sécuritaire. Mais le profil du nouveau responsable de la police nationale suscite déjà un intérêt certain pour plusieurs raisons. La première est directement liée au parcours professionnel du concerné qui a fait toute sa carrière dans les rangs de la police nationale. 

En effet, une bonne partie des patrons de la DGSN sont issus d’autres corps de sécurité, comme l’armée ou la Gendarmerie nationale. La seconde a trait à son cursus universitaire bien rempli, avec au bout un doctorat en criminologie.

Même si la tâche qui attend le nouveau chef de la police s’annonce ardue au vu du contexte dans lequel il accède aux hautes fonctions de la DGSN, M. Bencheikh part, visiblement, bien armé pour affronter la situation.

Cet éminent criminologue qui a rejoint les rangs de la police dans les années 1990, aura, en effet la lourde tâche de redonner aux Algériens la confiance dans la police et surtout de redorer le blason terni de ce corps, par certains dépassements commis à l’endroit des citoyens.

En plus de la méfiance qu’ont toujours démontrée les Algériens envers ce corps de sécurité, l’image de ce dernier s’en est trouvée écornée par certains faits liés à la gestion des manifestations populaires marquées, parfois par des dépassements vivement dénoncés par l’opinion publique.

Les images des visages ensanglantés de médecins résidents, qui manifestaient en 2017 pour réclamer une meilleure prise en charge, est toujours dans les mémoires. Elles ont illustré la théorie de “gestion démocratique des foules”, chère à l’ancien DGSN, Abdelghani Hamel. Le fossé existant entre la police et les citoyens s’est élargi, depuis.

La méfiance s’est même transformée en défiance. Les tentatives de certains policiers de fraterniser avec les manifestants lors des premières semaines du Hirak ont vite laissé place au désenchantement : sur ordre du pouvoir politique, mené en 2019 par le général Ahmed Gaïd Salah, la police s’est transformée en bras répressif du pouvoir.

Pis, des policiers, souvent zélés, ont procédé sans ménagement au retrait des emblèmes amazighs lors des manifestations qui se déroulaient à Alger et dans d’autres villes. Outre ces incidents, qui sont devenus une des marques des manifestations hebdomadaires du Hirak, la police fait preuve d’une inexplicable brutalité vis-à-vis des manifestants, où même les personnes âgées et les femmes ne sont pas épargnées.

C’est pour cela d’ailleurs que plusieurs activistes ont déposé des plaintes ces derniers temps contre les policiers auteurs de dépassements. Et malgré les écrits de la presse et les dénonciations des activistes, les enquêtes promises par la DGSN sont restées vaines.

Ces faits se sont ajoutés à des morts suspectes signalées récemment dans certains commissariats du pays. C’est le cas à Oran et à Bab El-Oued, à Alger. Pour faire face à ces défis, le nouveau DGSN compte sur un parcours enviable. Diplômé en criminologie, le sexagénaire, qui compte à son actif plusieurs publications dans le domaine de la criminologie, a d’abord travaillé dans le civil.

En France, il a conseillé des établissements pénitentiaires français dans les années 1980. Il a notamment mis en avant ses connaissances en criminologie dans la lutte contre la délinquance.

Ce sont ces compétences qui ont poussé l’ancien chef de la police, le défunt Ali Tounsi, à l’appeler auprès de lui. Farid Bencheikh est d’abord recruté en tant que conseiller à un moment où les autorités ont voulu créer l’institut supérieur de criminologie.

Puis, l’expert intègre le corps de la police dans lequel il a occupé plusieurs postes de responsabilité, notamment comme chef de sûreté dans plusieurs wilayas. Il a également occupé le poste de directeur du bureau d’Alger d’Interpol. Mais il a, un temps, été mis au placard par le général Abdelghani Hamel, ancien DGSN, qui se trouve actuellement en prison pour des affaires de corruption.

En plus de redorer le blason de la police auprès des Algériens, l’homme que des connaissances décrivent comme “conciliant” et “attentif” devra également rassurer ses troupes. Le corps vit, comme tous les compartiments de la Fonction publique, des problèmes sociaux. Mais contrairement aux autres fonctionnaires, ceux de la police ne peuvent pas se constituer en syndicats. 
 

Ali BOUKHLEF

 

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