L’Actualité Conférence des pays voisins de la Libye

“Rien n’est possible sans le départ des mercenaires”

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Ali BOUKHLEF Publié 01 Septembre 2021 à 10:05

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Tous les pays voisins de la Libye, déchirée par une crise depuis 2011, s’accordent sur la condition du retrait des mercenaires du pays. 

Après deux jours de réunion au Centre international des conférences, les ministres des Affaires étrangères des pays voisins de la Libye sont sortis, hier, en fin d’après-midi, avec une seule conviction : aucun processus électoral ne peut aboutir sans le départ des mercenaires étrangers du pays. Dans le document final qui a sanctionné les travaux et lors de la conférence de presse de clôture, animée conjointement par le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, et son homologue libyenne, Najwa El-Mankouche, la nécessité de voir les mercenaires étrangers quitter la Libye a été au centre des débats, surtout que le temps presse à moins de quatre mois de la tenue des élections générales prévues fin décembre prochain.

Pour le ministre algérien, “il y a un consensus” autour de la question et “tous les présents se sont mis d’accord sur la nécessité de faire sortir ces terroristes, mercenaires ou autres groupes armés” du territoire libyen. Mais il reste désormais à chercher comment mettre cela en œuvre. “Il reste à trouver les mécanismes et les détails” de la mise en œuvre d’une telle décision, a martelé M. Ramtane Lamamra. 

Mais le ministre des Affaires étrangères algérien est conscient que la mission n’est pas facile. Pour mettre fin au chaos qui paralyse la Libye depuis pratiquement 2011, il en appelle à la communauté internationale. “La responsabilité de faire partir les mercenaires ne dépend pas du gouvernement libyen. C’est à la communauté internationale de s’occuper du problème”, a indiqué Ramtane Lamamra qui, pragmatique, a dit comprendre les inquiétudes exprimées par certains pays dont sont originaires certains de ces combattants. C’est le cas du Tchad dont le chef de l’État a opposé un refus de recevoir ses compatriotes qui opèrent en Libye.

“Je comprends les inquiétudes de certains pays qui craignent un transfert d’instabilité. Mais il faut trouver les moyens de faire partir” ces mercenaires. L’orateur dira que parmi les propositions qui ont été faites figure celle de pousser les “pays qui les ont (les mercenaires) ramenés à les reprendre”, a-t-il insisté. Il n’ignore pas non plus que ces miliciens sont souvent armés et financés par des pays étrangers à la région. D’où la nécessité de faire participer d’autres partenaires.

Au-delà de l’épineuse question des mercenaires, qui continue de se poser malgré l’engagement de tous les participants au processus de Berlin entamé en janvier 2020 de retirer leurs éléments, la concrétisation de la réconciliation inter-libyenne est un des objectifs fixés par cette réunion qui s’est achevée hier à Alger. La ministre libyenne des Affaires étrangères a d’ailleurs annoncé la tenue prochaine d’une “conférence nationale de réconciliation” dans son pays. La rencontre devra réunir toutes les forces politiques et les tribus de ce pays, a indiqué Mme El-Mangouche. Comme première étape, elle a annoncé la tenue prochaine d’une réunion du gouvernement d’union nationale à Benghazi, une région qui est actuellement hors du contrôle des autorités de transition, basées à Tripoli et dans la partie ouest du pays. Plus que cela, une délégation des ministres des Affaires étrangères des pays du voisinage va se rendre dans les prochains jours à Tripoli pour réaffirmer son soutien aux Libyens.

“Tous les textes, y compris les conclusions de la conférence de Berlin, affirment la possibilité pour la Libye de tirer profit de l'expérience algérienne en matière de réconciliation nationale”, a indiqué pour sa part Ramtane Lamamra qui a proposé de faire bénéficier les Libyens de “l’expérience algérienne et d’autres processus de réconciliation connus dans des pays comme l’Afrique du Sud, le Rwanda ou d’autres”.

Pour sensibiliser davantage les pays de la région, Ramtane Lamamra s’est même permis de livrer une confidence : l’implication de certains “pays arabes” dans le conflit libyen est une des raisons qui empêchent la tenue du sommet de la Ligue des États arabes, qui doit se tenir prochainement à Alger. “On ne peut pas évoquer un travail arabe commun si certains des présents sont impliqués dans la crise libyenne”, a indiqué le chef de la diplomatie algérienne qui ne cite aucun pays en particulier. Une première dans la sphère arabe où est décliné clairement entre autres la responsabilité des blocages au niveau de la solution à la crise libyenne. Il faisait allusion notamment aux Émirats arabes unis et au Qatar qui soutiennent, dans ce conflit, certaines parties libyennes. 

En attendant d’avancer sur le plan sécuritaire, les autorités libyennes tentent de mettre en place un arsenal juridique et les moyens logistiques pour l’organisation des élections le 24 décembre prochain. Le processus législatif, dont s’occupe le Parlement de transition, peine pour l’instant à cause des dissensions politiques ; certains groupes politiques ayant carrément manifesté leur volonté de retirer la confiance aux députés du gouvernement de Abdelhamid Debeïba.

Mais les autorités espèrent dépasser cet écueil. En attendant d’autres réunions des ministres des Affaires étrangères du voisinage se tiendront notamment au Caire et probablement à Tripoli. Une bonne perspective qui risque d’être parasitée par d’autres pays qui tirent leur épingle du jeu. Ces pays ne sont pas ceux du voisinage. 

 


Ali Boukhlef

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