L’Actualité L’EX-PREMIER MINISTRE A ÉTÉ JUGÉ HIER DANS UNE NOUVELLE AFFAIRE

Sellal de peine en peine

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Ali BOUKHLEF Publié 22 Novembre 2021 à 23:59

© Archives Liberté
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Les affaires se suivent et les condamnations s’accumulent pour Abdelmalek Sellal. L’ex-Premier ministre sous Bouteflika a été de nouveau jugé hier dans le dossier d’un l’hôtel construit illicitement sur un pipeline à Béjaïa. Il encourt une peine de 7 ans de prison ferme. Énième sentence en vue pour l’homme qui est déjà reconnu coupable dans plusieurs affaires de corruption !

Le tribunal de Sidi M’hamed s’est penché, hier, sur une nouvelle affaire impliquant l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal et son chef de cabinet Karim-Mustapha Rahiel. Ils sont accusés avec l’ancien wali de Béjaïa, Ouled Salah Zitouni, d’attribution illégale de permis de construire pour l’édification d’un hôtel situé à proximité d’un pipeline de pétrole dans l’ex-capitale des Hammadites. 

Le procureur de la République a requis 7 ans de prison contre l’ancien Premier ministre et 3 ans contre les autres prévenus. “Ce procès est une humiliation pour la justice et pour le Premier ministre que j’étais !”, s’est exclamé Abdelmalek Sellal.

Le visage ferme et la mine défaite, l’ex-locataire du palais Dr-Saâdane a plaidé l’innocence devant un juge qui voulait à tout prix comprendre les raisons de l’intrusion d’un Premier ministre dans une “affaire locale”. L’accusé en prison depuis plus de deux ans est, en effet, accusé d’être personnellement intervenu, par le biais d’une correspondance signée par son chef de cabinet Mustapha Rahiel, pour débloquer le projet de la construction de l’hôtel Yugarithen, au lieudit Brise de mer à Béjaïa. Construit à quelques mètres d’un pipeline en 1998, cet édifice de 65 chambres n’a jamais obtenu de permis de construire. 

L’investisseur, Mahmoud Laâloui, présent à l’audience sur un fauteuil roulant, a déclaré qu’il a commencé à construire sans attendre l’avis de l’APC. “J’ai commencé à construire en 1998 après avoir obtenu le permis de démolition d’un ancien restaurant. Face à l’absence de réponse de l’APC, je me suis adressé à la chambre administrative du tribunal de Béjaïa qui a ordonné au maire de m’attribuer un permis de construire”, raconte l’homme d’affaires, affaibli.

Au juge qui lui rappelle que le Conseil d’État a ordonné l’annulation de l’arrêt de la chambre administrative, l’accusé a acquiescé et a rappelé qu’il avait arrêté la construction, mais qu’il continuait à écrire “à tout le monde”, du P/APC jusqu’au Premier ministre. 

C’est donc après avoir “reçu un courrier du ministre de l’Intérieur, accompagné d’une lettre du wali” de Béjaïa que les services du Premier ministre ont “demandé la visite d’une commission intersectorielle” composée de responsables des ministères du Tourisme, de l’Intérieur, de l’Habitat et de l’Énergie.

Pour coordonner le tout, le chef de cabinet du Premier ministre, Mustapha Rahiel, écrit aux ministres concernés. La délégation est partie à Béjaïa en octobre 2015. Le 1er décembre de la même année, les services du Premier ministre adressent un courrier aux départements ministériels et au wali de Béjaïa leur demandant “d’exécuter la décision de la commission d’experts” en “accordant, à titre exceptionnel, une autorisation de construire” à l’homme d’affaires avec obligation de “sécuriser le pipeline”. 

Devant ces faits, Abdelmalek Sellal a tenté de se défausser sur l’administration locale dans un premier temps, puis sur son ancien collaborateur. “Je n’ai jamais connu ce monsieur, puis, il ne me revenait pas de délivrer un permis de construire. Le courrier est l’œuvre de mon directeur de cabinet qui n’a fait que répercuter les décisions de la commission d’experts sans donner d’ordre”, s’est-il défendu, un tantinet agacé.

“Il s’agit, en principe, d’un projet local. Je vais vous dire pourquoi on vous soupçonne : le fait d’envoyer un courrier aux responsables est compris comme une ingérence dans ce dossier !”, rétorque le juge.

“J’ai reçu une instruction du Premier ministre. Je l’ai répercutée”, s’est défendu, pour sa part, l’ancien wali Ouled-Salah Zitouni. “Lorsque j’ai été nommé en 2015, la bâtisse était déjà là. Cela me dépassait, et j’ai décidé de m’adresser aux hautes autorités”, s’est-il expliqué.

“En avril 2016, le wali m’avait demandé de lire l’instruction du Premier ministre aux responsables des secteurs concernés tout en m’interdisant d’en faire des photocopies, y compris pour moi”, a témoigné, pour sa part, Idir Brahim, l’ancien secrétaire général de la wilaya de Béjaïa.

Face à ce qu’il qualifie d’attribution “de documents officiels en dehors de toute légalité”, le procureur de la République a requis 7 ans de prison assortie d’une amende de 1 million de dinars contre Abdelmalek Sellal, 3 ans de prison contre les autres prévenus, Mustapha Rahiel, Ouled-Salah Zitouni, Idir Brahim et l’homme d’affaires Laâloui, dont les biens seront également confisqués.

Les avocats ont requis la relaxe estimant que l’hôtel incriminé n’est pas la seule bâtisse qui existe à proximité du pipeline. Le verdict est mis en délibéré pour la semaine prochaine.
 

Ali BOUKHLEF

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