L’Actualité dépression de l’activité économique, Chômage et dégradation du pouvoir d’achat

Sur un volcan…

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Ali BOUKHLEF Publié 31 Janvier 2021 à 22:20

© D.R.
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Comme il fallait s’y attendre, la colère sociale serait naturellement l’aboutissement d’une année économique difficile amplifiée par la crise sanitaire. Des foyers de tension se multiplient à travers le pays, mettant sous pression le gouvernement.

Après les protestations de travailleurs et des fonctionnaires, dans certains secteurs, qui se sont soulevés contre leurs conditions de travail et de vie, la contestation est en passe de gagner la rue. Au moins deux grandes manifestations ont eu lieu dans deux régions du pays ces derniers jours. À Laghouat, puis à Jijel, des centaines de citoyens ont battu le pavé pour réclamer des conditions de vie plus dignes.

La ville de Laghouat, d’ordinaire si calme, a connu, samedi dernier, une grande manifestation populaire. Des centaines de citoyens, de tous âges, sont sortis dans les rues de la ville pour réclamer de meilleures conditions de vie. Sur les banderoles portées par les manifestants, les slogans sont pour l’essentiel d’ordre social. “Nous réclamons du travail”, “La santé est malade à Laghouat”, “La marginalisation touche les 24 communes de Laghouat” ou encore “Nous demandons une justice sociale et nos droits légitimes”, selon les images relayées sur les réseaux sociaux. Comme dans le reste du pays, les Laghouatis dénoncent également la pénurie des liquidités que connaissent les bureaux de poste. Mais les slogans virent vite au message politique. Les manifestants réclament ainsi “le départ immédiat” du wali. Et comme un flash-back, les habitants de cette ville, qui constitue une des portes du désert, rappellent aux autorités ce qui a toujours constitué un “vieux démon” pour le pouvoir : “Le pétrole est ici, le gaz est ici, mais il n’y a rien ici…”, notait une affiche. Plus explicite, une pancarte renvoie la population locale et tous les Algériens à une réalité que les autorités ont du mal à occulter : “Nous réclamons notre part de la fiscalité pétrolière.” 

D’autres protestataires remettent sur la table un autre “mal local” : le dossier du recrutement. Souvent, les embauches sont confiées à des agences d’intérim, relevant du capital privé. 

Mais ces entreprises sont pointées du doigt par les populations du sud du pays qui les accusent de “favoritisme” dans la sélection des travailleurs.  Même s’ils veulent éviter de donner un cachet politique à la protestation, les initiateurs de la manifestation ont adressé une longue lettre au chef de l’État où ils indiquent que le “rêve d’une Algérie nouvelle” s’est heurté à “une autre réalité” et “les promesses” formulées “ne sont pas concrétisées”. 

Les rédacteurs du document interpellent directement Abdelmadjid Tebboune sur les conséquences de la situation. En guise de réponse, les autorités ont dépêché, hier, une “commission d’enquête interministérielle” sur le dossier de l’emploi. Samedi soir, c’est la ville de Jijel qui a connu une nuit mouvementée. 

Plusieurs citoyens ont, en effet, battu le pavé pour protester contre le maintien du confinement dans leur wilaya, alors qu’il a été levé dans d’autres wilayas, notamment environnantes, comme Béjaïa et Sétif. Mais des slogans politiques ont vite trouvé écho auprès des manifestants. Si pour l’instant, les manifestations et les actions de protestation restent circonscrites et portées essentiellement sur les questions sociales, il n’en demeure pas moins que cela peut créer “une jonction entre le Hirak politique et les revendications économico-sociales comme c’est le cas en Tunisie et au Liban”, prévient le sociologue Nacer Djabi. Une éventualité qui n’est pas à exclure d’autant qu’à l’ombre de la crise sanitaire, la crise sociale ronge de larges pans de la société, notamment parmi les populations vulnérables. Et souvent loin des caméras et des médias, des citoyens n’hésitent pas à l’exprimer ouvertement en sortant manifester, comme dans certaines régions isolées du pays, particulièrement du Sud. Hier, des chômeurs de la ville frontalière Bordj-Omar-Idris ont tenu un sit-in pour réclamer du travail. 

Il en était de même pour des citoyens d’Ouargla et de Tamanrasset qui tiennent régulièrement des rassemblements pour rappeler aux autorités leurs promesses, jusque-là non tenues, selon eux, d’offrir aux Algériens une vie meilleure. Mais chez les autorités, le silence est pour l’instant de mise. Une attitude qui s’explique peut-être par l’absence prolongée du chef de l’État, parti se soigner en Allemagne. 

Ali Boukhlef

 

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