L’Actualité Le phénomène est aggravé par la crise sanitaire

Une rupture persistante de médicaments

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Badreddine KHRIS Publié 13 Septembre 2021 à 10:16

© Archives Liberté
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Ces pénuries en produits pharmaceutiques sont qualifiées par le Dr Kerrar de “phénomène récurrent depuis de très longues années, y compris quand l’Algérie vivait une aisance financière”.

Le ministère de l’Industrie pharmaceutique, vient de publier au Journal officiel n°68 un arrêté daté du 22 juillet 2021 fixant les modalités et les conditions d’enregistrement des produits pharmaceutiques importés, enregistrés et non commercialisés dans le pays d’origine. Les produits pharmaceutiques, objet d’une demande d’enregistrement à l’importation, devaient être en effet, enregistrés et commercialisés dans le pays d’origine à la date de soumission du dossier aux instances compétentes. Cet arrêté vient en fait en application du renvoi de l’article 19 du décret exécutif n°20-325 relatif aux modalités d’enregistrement des produits pharmaceutiques. 

Ainsi, dans le cadre d’une procédure centralisée regroupant plusieurs autorités réglementaires pharmaceutiques de nombreux pays, le produit doit justifier la commercialisation dans au moins un des pays membres, est-il mentionné dans cet arrêté. Le dossier est accepté aussi, si le produit est commercialisé dans un pays tiers, doté d’une autorité réglementaire stricte. “Dans le cas où il s’agirait du type de conditionnement et/ou présentation uniquement qui n’est pas commercialisé dans le pays d’origine, le demandeur peut justifier la commercialisation de ce dernier dans un pays tiers doté d’une autorité réglementaire pharmaceutique reconnue par l'Agence nationale des produits pharmaceutiques”, précise le texte signé par Abderrahmane Djamel Lotfi Benbahmed. Selon le président de l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop), le Dr Abdelouahed Kerrar, l’objectif de l’arrêté est de “suivre l’évolution de la réglementation pharmaceutique internationale, les nouvelles tendances d’externalisation des fabrications, d’achats de marché (notion d’exploitant), de fabrication de produits destinés exclusivement à l’exportation, etc., et permet de régulariser ainsi plusieurs dossiers d’enregistrement”. 

Même si cela n’a pas été explicité clairement dans ce texte, l’on est, toutefois, tenté de dire que cette décision fait partie des mesures d’assouplissement prises par le ministère dans le but de faire baisser un tant soit peu la tension et réduire les perturbations qui caractérisent le marché national du médicament ces derniers mois. D’aucuns reconnaissent effectivement la réalité des produits en rupture. Certains observateurs avancent le chiffre de 200 médicaments sous tension, d’autres parlent de 300 en rupture. En tout cas, ces pénuries en produits pharmaceutiques sont qualifiées par le Dr Kerrar de “phénomène récurrent depuis de très longues années, y compris quand l’Algérie vivait une aisance financière sans précédent et que le recours à l’importation ne connaissait aucune limite”.

Pour lui, il ne faut pas oublier également que “nous vivons encore cette situation de pandémie mondiale qui a affecté et affecte toujours les chaînes d’approvisionnement et de fret à l’échelle planétaire. Les marchés du médicament continuent d’être perturbés partout, même dans de grands pays développés”. Des centaines de produits sont enregistrés en rupture en Suisse, en Espagne, en France pour ne citer que ces exemples, relève Abdelouahed Kerrar. Les causes sont essentiellement dues, explique-t-il, à “l’optimisation des coûts autant en confiant les productions à un unique site pour approvisionner le monde qu’en concentrant des approvisionnements de matières premières sur deux pays que sont l’Inde et la Chine ou en éliminant des stocks de sécurité par un travail à flux tendus qui, à la moindre défaillance, aboutit à une rupture”. 

Les pénuries touchent même les pays les plus développés 
La pandémie de Covid-19, constate-t-il encore, est venue aggraver la situation par “l’augmentation des prix de certaines matières premières et la hausse vertigineuse des coûts du transport aérien ou maritime”. L’Algérie ne peut, de ce fait, échapper à ce phénomène mondial, argue-t-il. Le fait pour notre pays de “disposer d’un tissu industriel plutôt solide nous a, jusqu’ici, prémunis partiellement de ces perturbations”, estime le Dr Kerrar. Cependant, nuance-t-il, une bonne gouvernance nécessite des outils réglementaires et statistiques et surtout un temps nécessaire à la mise en œuvre. 

C’est, en un mot, de gérer efficacement de nombreux paramètres, notamment la disponibilité du médicament bien sûr, mais aussi le régime des prix et le développement à long terme de l’industrie pharmaceutique locale. Ce qui paraît essentiel à ce stade, souligne le Dr Kerrar, c’est que tous les acteurs travaillent à trouver des solutions rapides et à soulager la douleur des patients. “Ce sont ces derniers qui doivent en permanence être au centre de nos débats et de nos préoccupations”, affirme-t-il. Car, avertit-il, “nous allons continuer à subir les contrecoups des perturbations mondiales, comme nous subirons les effets de la jeunesse de notre industrie qui connaîtra de temps à autres quelques insuffisances”. 

Le plus important est de monter en puissance en production locale en doublant les effectifs actuels de l’Agence nationale des produits pharmaceutiques et en lui injectant plus de moyens matériels. “C’est la seule voie qui lui permettra d’accompagner efficacement l’enregistrement des produits fabriqués localement et faire face aux lourdes responsabilités qui lui sont assignées par la loi”, conclut Abdelouahed Kerrar. 

 


B. K.

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