Culture L’ARTISTE PEINTRE DJAHIDA HOUADEF PASSE D’UN ART À L’AUTRE

“Du chevalet au tour de la potière, il n’y a que la passion”

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Nourreddine LOUHAL Publié 08 Février 2022 à 15:37

© D. R.
© D. R.

Il suffit d’évoquer le N’gaous des Aurès ou plutôt la ville aux 101 fontaines pour qu’aussitôt l’âtre des “Qassassette” (conteuses) s’embrase et scintille des couleurs de l’habit “melehfa” qui habille les “N’gaoussiyate” et “l’qat” qui enjolive les “Casbadjiate”. “À N’gaous où je vivais : animaux, verdure, arbres, fleurs étaient la couverture panoramique de cette terre”, se souvient notre interlocutrice. Autant de nuances qui authentifient de l’estampille de l’artiste qui a mis les mains dans le kaolin pour modeler des ouvrages de faïencerie de toute beauté. Elle en parle dans cet entretien.

Liberté : Vous êtes la mère créatrice de trois collections de toilettes féminines en hommage aux femmes de La Casbah d’Alger et des Chaouïa, mais voilà que vous franchissez le pas allègrement vers l’art de la poterie. Comment est-il aisé de passer de l’art pictural à la céramique ?
Djahida Houadef : En effet ma nouvelle quête d’expression artistique vers ce médium de la céramique n’est qu’un clin d’œil à ma première passion d’enfance, lorsque je rassemblais mes cousins et mes cousines autour de l’Aïn (la source) d’eau qui a alimenté toute ma grande famille de N’gaous durant de longues années, avant qu’elle ne se tarisse pour façonner les “tajines” (plats) et autres ustensiles à la manière de nos mères.

Est-ce un retour à la terre à potier et de l’argile que vous inspirent les champs d’abricotiers de votre grand-père à N’gaous ?
Effectivement, c’est un retour émotionnel, dont le toucher d’une glaise que j’ai façonnée ludiquement durant mon enfance. Sachez qu’à l’envie de tremper mes mains dans la glaise, s’ajoute également l’idée de pérenniser ce legs, que j’ai hérité une seconde fois à l’École des Beaux-Arts d’Alger, où j’ai honoré mon cursus dans la spécialité en céramique. 
C’est dire que mon diplôme de beauxariste est empreint de l’histoire de ma terre qui est ma passion mais aussi mon métier. Seulement, mon élan s’est heurté à un manque de moyens pour bâtir un atelier de céramique.

Est-il aisé de passer ainsi du chevalet au tour pour malaxer l’argile, la marne et la silice ?
Je pense que pour un artiste toutes les formes d’expression et les médiums utilisés ne peuvent qu’apporter davantage de créativités à son œuvre. 
Dans cette perspective, un artiste est celui qui expérimente et qui puise continuellement de tous les médiums possibles pour rendre son imaginaire palpable. D’où il est requis de rendre visible l’invisible qui est une aubaine pour l’humanité. Mieux, c’est une façon d’aller au plus profond de l’être et d’éluder l’énigme qui gît dans son gisement de créativité. Quoi qu’il en soit, j’ai éprouvé pour ma part beaucoup de plaisir au contact de la terre qui s’est avérée une véritable thérapie qui a nettoyé mon corps des intrus. Mieux, mon âme s’est apaisée, surtout avec tout ce qu’on a vécu ces derniers temps.
 

Entretien réalisé par : LOUHAL NOURREDDINE

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