Culture Yousra Mouloua, autrice de la tragédie “Romepâtra”

“La gouvernance de Rome par Cléopâtre aurait changé la face de l’humanité”

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Hana MENASRIA Publié 29 Mars 2021 à 09:16

© D. R.
© D. R.

Enseignante de langue française à Alger et dramaturge, Yousra Mouloua a à son actif plusieurs pièces théâtrales, notamment “Cendrillon, princesse d’aujourd’hui”. Elle vient de publier son premier ouvrage “Romepâtra” (à compte d’auteur), préfacé par Lazhari Labter. La trame de cette tragédie se déroule en Égypte antique où Cléopâtre, dernière descendante des Ptolémées, menacée à cause de son amour pour César, s’enferme dans sa chambre royale. Alors, “une ombre mystérieuse (…) lui prédit son destin obscur et sanglant (…). Elle lui offre une pierre magique, possédant des vertus très puissantes, pour l’aider à lutter contre la fatalité de la prédiction…”. Dans cet entretien, l’autrice revient sur ce texte qui se veut une ode à la femme ainsi que sur son projet de l’adapter dans un spectacle musical, dont le rôle principal sera incarné par Sofia Boutella.

Liberté : Enseignante de langue française, comment vous est venue cette passion pour le théâtre ?

Yousra Mouloua : Je dirais plutôt que c’est ma passion pour le théâtre qui m’a motivé à devenir enseignante. Je me suis intéressée au genre théâtral depuis un très jeune âge, je lisais beaucoup de livres mais j’avais un attrait particulier pour les tragédies de Voltaire et pour les comédies de Molière. Mon premier texte de théâtre, je l’ai écrit à l’âge de 16 ans après avoir lu Œdipe de Voltaire, puis il a été mis en scène et présenté à l’occasion de la Journée nationale du savoir (16 avril) par mes camarades de classe, et c’est leur enthousiasme pour l’expérience théâtrale qui m’a incitée à me lancer dans cette voie.

D’ailleurs, vous avez écrit de nombreuses pièces. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour la publication d’un ouvrage ?

Toutes les pièces que j’avais écrites s’inscrivent dans une perspective pédagogique, elles étaient destinées principalement à mes élèves. 
Cependant, j’ai trouvé que l’universalité de Romepâtra sur le thème de la femme méritait d’être doublement évoquée : par le livre et par le spectacle. 

La tragédie Romepâtra se déroule dans l’Égypte antique où nous retrouvons Cléopâtre qui fait face à son destin. Pourquoi avoir choisi cette phase de l’Histoire pour raconter la Femme ?

Parce que dans l’Égypte antique, les femmes étaient les égales des hommes. C’est la seule civilisation où la femme bénéficie de toute sa liberté : elles étaient libres et maîtresses de leur destin.

Cette démarche de questionner le passé, est-ce dans le but d’interpeller le lecteur sur la société (patriarcale et misogyne) d’aujourd’hui ?

Absolument ! L’Égypte antique était patriarcale mais elle laissait les femmes vivre leur vie dans plusieurs domaines, elles étaient considérées comme l’avenir de l’homme et inversement. Je pense que c’est une belle leçon de modernité pour notre époque.

À travers les reines Hétéphérès, Hatshepsout et Néfrtiti, nous retrouvons trois “dames de fer” : la mère, la veuve et l’épouse…

Et la reine des rois Cléopâtre ! Cette diversité permet aux lecteurs et surtout aux lectrices de s’identifier aux personnages du récit. 

Pensez-vous que cela aurait pu avoir des répercussions sur les sociétés arabes contemporaines si Cléopâtre avait détrôné César ? 

Absolument ! À mon avis, cela aurait peut-être pu exercer une profonde influence sur la consolidation du matriarcat de l’Occident à l’Orient, le monde aurait été, peut-être, plus indulgent avec les femmes. Quant aux influences que cela aurait pu avoir sur les sociétés arabes contemporaines, j’imagine que de telles modèles de Femme ne peuvent qu’inspirer sagesse, grandeur et prospérité. La gouvernance de Rome par Cléopâtre aurait sûrement changé la face de l’humanité. 

Vous avez comme projet d’adapter votre œuvre en spectacle musical. Pouvez-vous nous donner plus de détails ?

Volontiers ! J’ai souhaité entreprendre la mise en scène de Romepâtra pour l’opéra, car au-delà de son genre théâtral (tragédie), Romepâtra se concevait, pour moi, comme un spectacle alliant théâtre, musique et danse, des décors fastueux et des reines prestigieuses, dans les plus célèbres salles d’opéra. Un rêve que je me donne les moyens d’essayer de réaliser ! 

Dans un premier temps, nous avons entrepris de contacter une association à but non lucratif, de droit français, l’association Arts et Patrimoine d’Alger. Cette association nous a créé un compte bancaire dédié à Romepâtra, pour collecter les fonds nécessaires à la production du projet. Lors d’une phase préliminaire de collecte de fonds qui a débuté depuis le 4 février 2021 sur le site www.romepatra.com.

Néanmoins, le pré-casting de Romepâtra est d’ores et déjà arrêté : sous la direction artistique de Safy Boutella, nous avons également les accords de principe de Guila Clara Kessous (metteuse en scène), les comédiennes Sofia Boutella, Aurelia Khazan, Malika Belbey, Nina McNeely (chorégraphe) et Raghda Hellal.  Nous espérons que les calendriers seront synchronisés pour permettre une concrétisation du projet, dans les meilleures conditions. 

 

Entretien réalisé par : Hana MENASRIA

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