Culture Imed Alibi, directeur artistique du festival international de Carthage

“L’avenir du secteur musical en Tunisie est incertain”

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Hana MENASRIA Publié 27 Février 2021 à 22:29

© D. R.
© D. R.

Le festival international de Carthage est l’un des événements musicaux phares en Afrique et sur la scène internationale. Depuis sa création en 1964, de grandes stars ont fait leur passage sur ce site “d’histoire et de mémoire”, à l’instar de Ray Charles, Charles Aznavour, Julio Iglesias, Joe Cocker ou encore Warda. Pour cette 56e édition prévue en été, le commissariat s’est lancé dans la production de “trois créations inédites spécialement créées pour cette session”. Aussi, cette année sera marquée par des soirées à thème : jazz, musique tunisienne, africaine, moyen-orientale… ainsi qu’un retour au théâtre. Le musicien percussionniste Imed Alibi, nouvellement installé à la direction de cette manifestation, revient sur les grandes lignes du festival qui connaîtra un renouveau… 

Liberté : Depuis votre nomination en 2020, vous  vous êtes “imposé le défi de questionner l’histoire de ce festival pour mieux envisager son avenir   et  asseoir  son  rayonnement   au  niveau  régional  et international”. Pouvez-vous nous éclairer sur ce point ? 
Imed Alibi :   Revenir  sur  les  fondements  du  festival  est  primordial  pour construire une vision basée sur la continuité  et  la reconstruction.  En même temps, il faut une remise en question sur les défis grandissants, auxquels font face les festivals de nos jours. Ces défis se sont accentués avec l’arrivée de la pandémie.

L’absence d’archives  pour un festival  qui  date depuis 1964 a été la première réflexion, un travail a  été donc fait  dans  ce  sens :  celui  de  rassembler des archives et les numériser.  D’ailleurs, l’équipe  du festival a profité de l’arrêt et du report de l’événement pour entamer un travail de collecte et de recherches des archives. Le but est aussi de numériser et mettre en place une plateforme numérique, mediafic.tn, et l’alimenter au fur et à mesure.

Aussi, en  revenant  sur  le  passé du festival et ses débuts, on remarque la présence  d’artistes  et  d’intellectuels  ayant  fait  rayonner  le  festival  à l’international.  La ligne éditoriale est aussi basée  sur  la  qualité artistique et culturelle, et non sur l’événementiel à but commercial. Notre vision prend en compte tous ces éléments et se base sur la qualité de la programmation et la valorisation du patrimoine.

Les  “premières  motivations”   de  votre  équipe  sont  de   revenir  sur  les “visions originelles” du festival. Cet événement a-t-il perdu de son aura d’antan ? Quelles en sont les raisons ? 
Un festival étatique ne peut pas être épargné par les changements politiques et les politiques culturelles.  C’est  le  fruit  de  son  contexte  historique.  Les dernières décennies ont vu une dégradation de l’offre culturelle au détriment de l’animation. L’instabilité des directions joue aussi un rôle dans l’absence de vision, car on ne peut pas avoir un projet pour  un  festival  sur  une  période courte. 

La 56e édition sera marquée par une nouvelle identité. Laquelle ? Le public ne risque-t-il pas d’être désorienté ?
Nouvelle identité visuelle : une autre manière de travailler, à l’instar des festivals internationaux (à l’avance) ; une programmation nationale et internationale variée et équilibrée. Le public cherche la qualité, et une bonne partie des Tunisiens apprécie les spectacles où il y a de la recherche.

Suite à la crise sanitaire, dans quel état se trouve le secteur musical tunisien ? 
De nombreuses dates ont malheureusement été annulées. L’avenir est incertain pour ce secteur, qui est déjà fragile. La pandémie n’a fait que dénuder une réalité déjà délicate en Tunisie. Les musiciens souffrent du manque d’infrastructures, de formations..., mais également d’un cadre juridique qui définit le statut de l’artiste, d’une couverture sociale ainsi que les droits d’auteur. Même si la structure existe, il manque une réelle confiance dans les institutions.

Le secteur souffre essentiellement du manque d’encadrement et de connaissances des métiers du spectacle. Il faut ajouter à tout cela les complications administratives qui freinent la création d’emploi. Alors que le secteur digital pourrait être une bonne alternative aux problèmes de distribution, d’échange et d’exportation des œuvres. 
 

Entretien réalisé par : HANA MENASRIA

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