“Il faut de nouveau rêver, il faut de nouveau aller au boulot” : le rideau s’est enfin levé lundi soir au Théâtre royal flamand (KVS) de Bruxelles pour un spectacle sous strictes conditions sanitaires qui aura valeur de test. Dès la fin de l’après-midi, les 50 spectateurs ont commencé à passer des tests rapides anti-Covid dans cette salle prévue pour 500 personnes et équipée de cinq capteurs pour mesurer la qualité de l’air, sans oublier la distribution de masques, un marquage au sol pour les déplacements et le gel à disposition.
Cette première soirée au KVS rassemblait des professionnels de la culture – acteurs, actrices, metteurs en scène... – et le personnel du théâtre. Une sorte de répétition générale depuis la fermeture des théâtres fin octobre, avant d’accueillir le public mercredi soir, alors que la rébellion gronde dans le monde culturel.
“Je crois que le secteur se sent humilié. Nous n’avons pas été entendus pendant des mois. Il faut convaincre les politiques que la société a besoin de la culture”, a déclaré à l’AFP Michael de Cock, le directeur artistique du KVS.
Les cafés et les restaurants pourront installer leurs terrasses le 8 mai, mais les autorités belges ont pour l’instant repoussé les perspectives de réouverture des salles de spectacle, en attendant que la pression baisse sur le système hospitalier.
“Ce soir on a la permission d’organiser un événement test, c’est un pas. Mais il faut vraiment que tout le monde – les grands théâtres, les petits – puisse ouvrir en toute sécurité”, plaide Michael de Cock, espérant qu’après un test réussi le nombre de spectateurs pourra être augmenté au KVS jusqu’à 250 personnes. “Pour des raisons économiques et de bien-être (...), il faut à nouveau aller au boulot comme on le faisait avant, il faut de nouveau rêver”, ajoute-t-il. Covid oblige, cette première pièce met en scène un robot soigneur qui assiste une femme qui se meurt et prend auprès d’elle le rôle de son fils, privé du droit de lui dire adieu.
“Depuis près d’un an on n’a presque rien fait. On est très contents de reprendre et d’avoir à nouveau des spectacles”, confie Kevin de Vlieger, le responsable du bâtiment du théâtre inauguré en 1887 et qui n’avait fermé que deux fois au cours de son histoire, avant la pandémie. Ce premier lever de rideau autorisé ne devrait cependant pas calmer la fronde d’une partie du secteur de la culture qui a bien l’intention de passer à l’acte, sans feu vert des autorités, du 30 avril au 8 mai, en organisant des projections, des spectacles et des performances dans le respect des protocoles sanitaires.
“Nous voulons sortir de cette logique destructrice qui sacrifie les activités porteuses de sens, de débat et de lien social, et les relègue au rang de variables d’ajustement”, proclame dans son manifeste le collectif “Still standing for culture” (Encore debout pour la culture), qui réunit une centaine de salles et d’institutions.
AFP