Culture Parution du dernier roman de Saïd Saad

“Les rescapés de Pula” ou l’illusion d'un eldorado européen

  • Placeholder

APS Publié 25 Janvier 2022 à 08:47

© D.R
© D.R

Dans son dernier roman, Les rescapés de Pula, Saïd Saad invite le lecteur à accompagner un jeune candidat à l'émigration clandestine dans la préparation de la traversée de la Méditerranée vers l'illusion d'un eldorado européen. Un rêve qui cède très vite la place à la dure réalité de la vie infernale du clandestin. Publié en France, cet ouvrage de 231 pages, qui sera bientôt édité en Algérie par Dar El-Othmania, relate la vie du jeune Mokhtar, vendeur à la sauvette dans les marchés de la capitale, vivant avec sa mère dans un quartier populaire, après l'assassinat de son père durant la décennie noire. 

D'emblée, ce roman implique le lecteur dans la préparation du voyage, le vol des bijoux de la mère pour financer l'aventure, l'écriture d'une lettre d'adieu, la peur de se faire prendre, l'hésitation et les espoirs d'un “ailleurs meilleur” que les proches font miroiter. Après le déchirement du départ, le récit se plonge dans le désespoir d'une mère désemparée, qui arpente tous les quartiers d'Alger à la recherche de son fils. Zineb, épaulée par son beau-frère, finit par apprendre que son fils compte embarquer depuis Annaba. Elle se lance sur ses traces, caressant l'espoir de le retrouver et de lui faire abandonner son entreprise périlleuse. 

Après avoir survécu à un voyage des plus dangereux, Mokhtar est très vite confronté à sa nouvelle condition de clandestin, sans revenus, sans abri et affaibli. Il se retrouve dans un centre pour migrants alors qu'il avait pris le train pour rejoindre un ami. Tout en relatant le quotidien de Mokhtar, sa tentative d'évasion, son travail dans une marbrerie et la pneumonie sévère qui a considérablement affecté sa santé et lui a fait perdre son travail, l'auteur revient à chaque fois raconter le profond désespoir d'une mère à peine rassurée par deux appels téléphoniques. C'est à Marseille que le clandestin arrive enfin à se poser chez une vieille connaissance, après avoir goûté à la vie de SDF et commis son premier vol. Terrassé par la maladie, Mokhtar se rend à l'évidence : “Les autres donnent une fausse image de l'Europe (...) celle de la réussite totale, de la liberté, de l'aisance financière, de la réussite sociale qui s'avère être un miroir aux alouettes.” 

Les rescapés de Pula propose deux niveaux de narration. Le premier est dédié à la famille restée en Algérie, à son désarroi et à l'acceptation progressive ; le second, plus dramatique, racontant la vie du clandestin en la confrontant à son destin éventuel dans son pays. Journaliste et traducteur, Saïd Saad, né en 1955, est l’auteur de deux romans : Parfums d’une femme perdue, paru aux éditions Thala en 2010 et Les tranchées de l’imposture publié en 2018 par Dar El-Othmania, où il rend hommage aux milliers de combattants algériens morts durant la Seconde Guerre mondiale.

 


APS

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00