Culture 1er salon national du livre d’Alger

Un événement sans mouvement…

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Hana MENASRIA Publié 15 Mars 2021 à 09:15

Le pavillon central  dans la journée d’hier. © Liberté
Le pavillon central dans la journée d’hier. © Liberté

Pour cette première édition, l’affluence du public est timide et les éditeurs sont frustrés de ne pouvoir réaliser de bonnes ventes et rencontrer leurs lecteurs.

Après une année de fermeture dans le secteur culturel, les activités reprennent doucement, à l’instar du Festival national du théâtre professionnel (FNTP) et de la réouverture des salles de cinéma. Mais l’un des événements attendus est sans conteste le Ier Salon national du livre, qui se tient du 11 au 20 mars au Palais des expositions des Pins-Maritimes (Safex). Inscrit sous le slogan “Un live, une vie”, ce salon, organisé par l’Onel (Organisation nationale des éditeurs de livres), tend à faire revivre ce secteur et à réconcilier ainsi le public avec le livre.

Car, depuis la pandémie, la chaîne du livre a été la plus impactée par la crise économique. À cet effet, ce salon aurait pu être une bouffée d’oxygène et l’occasion pour les éditeurs, les auteurs ou les libraires de rencontrer les lecteurs et de réaliser des ventes pour sortir du gouffre. Dans la journée d’hier, qui marquait le quatrième jour de cette édition, premier constat sur place : le parking est quasi vide, aucune file d’attente à l’entrée du pavillon central et les visiteurs se comptaient sur les doigts de la main.

Loin des grands jours du Salon international du livre d’Ager (Sila), les allées entre les stands sont aussi fluides que les routes de la capitale en cette période de vacances scolaires. Les stands se ressemblent et semblent sans “vie”, et les exposants “seuls au monde”. En déambulant ce dimanche matin dans le pavillon C, où sont réunies les 216 maisons d’éditon algériennes, des éditeurs et leurs représentants étaient tous unanimes sur le même point : l’affluence du public est timide et les ventes sont en dessous de leurs attentes.

En effet, les habitués du Sila, à l’instar d’Apic, de Chihab, de Casbah, d’El Ibriz et de Dalimen, partagent les mêmes frustrations et regrets. “Depuis l’ouverture jeudi, il n’y a pas foule. Il n’y avait que les éditeurs ! Les visiteurs se font rares même durant le week-end. Nous n’avons pas enregistré grand monde”, regrettent-ils. En fait, ces éditeurs pensaient que les visiteurs étaient absents vendredi à “cause du Hirak, car les routes sont bloquées”.

Mais, à leur surprise, samedi aussi il régnait la même ambiance. “Le monde se faisait sentir dans la matinée. En début d’après-midi, le salon est revenu au calme. À 17h, nous n’entendions que le chant des pigeons au-dessus de nos têtes”, a confié, avec le sourire, le représentant des éditions Apic. Selon ces exposants, les mesures sanitaires ont dissuadé les gens à se déplacer, car “les enfants de moins de 16 ans y sont interdits”, alors que “nous sommes en période de vacances, les parents ne peuvent venir au salon sans leurs enfants”, ont-ils martelé.

D’ailleurs, ils nous ont indiqué que samedi, plusieurs personnes n’ont pu pénétrer au pavillon, car ils étaient accompagnés de leur progéniture. Une situation qui a suscité des interrogations auprès des maisons d’édition. “Nous proposons des livres parascolaires, et nous n’avons pas réalisé de ventes, puisque les enfants sont interdits d’accès, donc les parents ne peuvent se déplacer ou entrer et les laisser à l’extérieur”, a souligné le représentant des éditions Chihab.

Par ailleurs, ils ont insisté sur le fait que les parcs, les fast-foods et autres établissements soient ouverts, tandis que “le livre est interdit aux enfants”. Afin de remédier à cette situation, des éditeurs ont approché le commissariat pour demander l’annulation de cette décision et, pourquoi pas, permettre l’accès aux petits de plus de 10 ans. À ce propos, les organisateurs ont souligné qu’une demande “a été soumise à la tutelle qui veillera à contacter le conseil scientifique”. 

“Les auteurs algériens, méconnus du public”  
Dans le but d’attirer les lecteurs et de réaliser de bonnes ventes, les maisons d’édition proposent des remises de prix allant de 10 à 50%. “Malgré ces remises, les gens n’achètent pas les livres. Nous avons rencontré bon nombre de lecteurs qui sont à la recherche de classiques d’écrivains français ou d’auteurs étrangers contemporains. Ils sont rares à s’acquérir des romans d’auteurs algériens”, a souligné le représentant des éditions Apic.

Et de poursuivre : “Nos auteurs sont méconnus ! Nous avons vendu seulement quelques-uns à des lecteurs avertis.” Tout en concluant : “Cet événement est le salon du ‘réel’, car il permet de faire découvrir les auteurs et les éditeurs algériens. Et aux organisateurs de faire un constat.” À ce sujet, deux étudiantes habituées du Sila ont affirmé : “Nous n’avons pas trouvé grand-chose ! D’habitude, il y a plus d’ouvrages que nous retrouvons chez les éditeurs étrangers.

Mais ce salon est aussi intéressant, car nous découvrons mieux les éditeurs algériens.” D’ailleurs, le stand de la librairie Guerfi de Batna, qui propose des livres jeunesse d’importation comme la saga Harry Potter ou Star Wars, était bondé. Pour sa part, Amine, un jeune salarié et père de famille, a indiqué : “Je fais le tour des stands, il y a de bonnes promotions, mais je ne pense pouvoir acheter plusieurs livres comme au Sila ; les temps sont rudes et mon budget est très restreint.”

En somme, ce premier Salon national du livre est une bonne initiative à encourager à l’avenir, car les organisateurs proposent des conférences, des rencontres-débats, des séances de signature… mais la conjoncture actuelle en a décidé autrement pour bon nombre de participants, qui pensaient pouvoir souffler un tant soit peu et qui, au bout du compte, se retrouvent à la case départ : perte financière et moral au plus bas…

 

 


H. M.

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