
“Le plus bel hommage que nous puissions rendre à Ahmed Asselah, c’est d’être digne de son legs, eu égard à l’engagement de l’homme qu’il était et à son esprit d’ouverture et de sa volonté d’ouvrir l’école des beaux-arts aux artistes mais aussi au citoyen lambda.” (Karim Sergoua)
Le vernissage de l’exposition intitulée “À l’unisson” a eu lieu ce samedi 5 mars à l’École supérieure des Beaux-Arts d’Alger en hommage à Ahmed (1940-1994) & Rabah Salim (1971-1994) Asselah, assassinés par l’hydre terroriste dans la cour de l’école. De l’art charnel s’étoffe aussi l’art dit corporel où s’unissent dans le sillon des souvenirs l’empreinte de l’être cher qu’il y a dans le “body art”.
De cette façon et “à l’unisson”, l’objectif escompté se démêle dans l’écheveau des pensées à l’aide d’un trait ou de l’union d’une ligne avec l’éclair d’un signe pour identifier nos chers disparus dans la mêlée de l’ombre et de la lumière. Certes que l’image de l’“absent” est ubiquiste et l’on se refuse à ce qu’elle soit pliée et archivée dans l’oubli de la... mort.
Il est vrai que dans cette visée l’esthète garde en lui l’image ou le signe d’une continuité brisée par la bêtise et que le temps, hélas, tente d’effacer en vain de la mémoire de l’admirateur du beau.
D’où l’idée de l’artiste peintre Saif-Eddine Cheraïtia d’axer le regard de l’adepte du chic vers des formes en blocs, mais qui soient en parallèle avec le fil d’Ariane qui nous guide vers les regrettés Ahmed Asselah & Rabah Salim.
“C’est l’expo de la forme où il y subsiste un signe, une larme, un geste ou un zeste de nostalgie qui exprime l’attachement de chacun de nous envers le disparu”, a déclaré l’artiste peintre Saif-Eddine Cheraïtia.
Et en ce qui a trait à l’art, s’esquisse d’un tracé axial une mémoration visuelle mais magique, née au cœur de l’enchevêtrement de l’art de l’abstrait contenu dans 20 toiles.
“L’abstrait attise le débat et irrigue le débat à bâtons rompus”, a déclaré l’artiste plasticien Karim Sergoua, le chargé des expositions et des projets à l’École supérieure des Beaux-Arts d’Alger.
Partant de ce fait, c’est là le challenge de l’artiste peintre Saif-Eddine Cheraïtia et qui était, rappelons-le, l’ancien secrétaire général de la fondation culturelle Ahmed et Rabah-Asselah qui s’astreint d’honorer ainsi ces “deux traits de lumière” que la bêtise a éteints un 5 mars de l’an noir de 1994. Et depuis, ce jour fatidique s’est ajouté à l’éphéméride de la décennie noire.
Il y va de ce pas et de sa volonté sur les pas de l’artiste peintre russo-allemand Vassily Kandinskya (1866-1944) qui a évincé du revers de la main le style figuratif dans ses œuvres pour y insuffler les valeurs du dialogue et de la confrontation à l’abstrait.
Autrement dit, l’artiste peintre fait également sienne la citation de Gilles Deleuze (1925-1995) qui “résiste à la mort soit sous la forme d’une œuvre d’art, soit sous la forme d’une lutte des hommes”.
Alors, et si l’on retient cette hypothèse, de l’école qui porte en ses murs les traces de l’ignominieuse tragédie, s’en dégagent l’émotion du recueillement mais aussi la volonté prometteuse qu’elle appartient au présent et se projette d’ores et déjà dans l’avenir.
En témoigne l’essaim de jeunes avides de démêler un signe d’Ahmed et de Rabah Asselah dans les toiles de l’artiste peintre Saif-Eddine Cheraïtia.
À noter qu’une gerbe de fleurs a été déposée durant la matinée par le staff de la fondation culturelle Asselah afin de perpétuer l’esprit d’Ahmed et de Rabah Asselah.
Toutefois, l’expo recèle en ses toiles des traits caractéristiques de sites et de monuments de Tlemcen, dont la Grande Mosquée qui a été construite en 1136 par Ali Ben Youssef, le calife de la dynastie berbère des Almoravides et à laquelle s’ajoute le lieu cultuel de Sidi Boumediene.
Donc autant y aller à la rencontre de nos martyrs de l’art, qui vous attendent jusqu’au 20 mars prochain.
LOUHAL Nourreddine