Économie ENVOLÉE DES PRIX DES PRODUITS ALIMENTAIRES DURANT LE MOIS SACRÉ

Ramadhan : les raisons d’une flambée

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Badreddine KHRIS Publié 06 Avril 2022 à 12:00

Les prix des fruits et des légumes ont atteint ce Ramadhan une hausse considérable. © Archives Liberté
Les prix des fruits et des légumes ont atteint ce Ramadhan une hausse considérable. © Archives Liberté

Malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics pour garantir une meilleure offre en produits de large consommation et une stabilité des prix et l’ouverture de marchés de proximité, le Ramadhan 2022 n’a pas dérogé à la règle en termes de hausse des prix, notamment durant la première semaine.

Le président de l’Association pour la protection des consommateurs (Apoce), Mustapha Zebdi, affirme que le manque de marchés de proximité a accentué la hausse des prix à travers tout le territoire national.  Ces espaces commerciaux, devraient en principe couvrir les communes et autres localités et accueillir un nombre plus important de commerçants.

La concurrence loyale qui devrait naître parmi ces marchands devrait faire baisser les prix. Il est illogique que dans des cités de 1 000 logements, l’on ne recense que 2 épiceries et 3 marchands de fruits et légumes.

C’est insuffisant. Et cette insuffisance en ce type de marchés encourage l’intervention des intermédiaires entre le grossiste et le détaillant et accentue le phénomène de la spéculation. Face à une telle problématique, le président de l’Apoce, suggère l’instauration du bon de transaction commerciale dans le but de suivre la traçabilité des produits et de déterminer la marge bénéficiaire pour chaque intervenant dans le circuit de distribution.

“Il faut plafonner impérativement les marges bénéficiaires des commerçants de certains produits de première nécessité”, suggère-t-il encore. L’autre raison à l’origine de cette envolée des prix, évoquée par notre interlocuteur, a trait à l’inefficience du modèle de régulation du marché choisi par les pouvoirs publics.

“Il faut opter pour d’autres mécanismes de régulation du marché”, propose M. Zebdi. La question de la régulation des activités commerciales est problématique dans notre pays du fait de l’absence de données significatives sur cette question, estime pour sa part, l’économiste, Brahim Guendouzi.

“Il ressort néanmoins que la masse monétaire détenue par le secteur informel, est concentrée au niveau de certaines activités économiques dont le contrôle est relativement difficile par les services de l’État”, explique-t-il. Il s’agit essentiellement du secteur de la distribution qui se caractérise par une forte désorganisation due à “l’implication d’une multitude d’intermédiaires occasionnels dans les opérations de commerce que ce soit de gros, demi-gros, de détail et même par rapport aux importations pour la revente en l’état”, précise-t-il.

Malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics pour garantir une meilleure offre en produits de large consommation et une stabilité des prix et l’ouverture de marchés de proximité, le Ramadhan 2022 n’a pas dérogé à la règle en termes de hausse des prix notamment durant la première semaine.

La frénésie et la boulimie des consommateurs et le comportement de certains commerçants indélicats a engendré de sérieuses perturbations voire des dysfonctionnements sur les espaces commerciaux en Algérie. À vrai dire, la mercuriale a commencé à s’envoler bien avant le mois sacré.

Un salaire "digne" de 75 000 DA
Le secteur informel est également pour beaucoup dans cette dérégulation du marché des denrées alimentaires. D’aucuns estiment que les pouvoirs publics n’ont pas réussi l’opération d’éradication du marché informel en Algérie.

Depuis plusieurs décennies, l’on s’engage pour que l’économie nationale soit protégée de manière définitive contre ce phénomène. Or, force est de constater, la lutte contre les activités commerciales illicites, appelées communément le marché noir, a montré ses limites surtout durant le mois de Ramadhan.

Pis, l’on serait tenté de dire que le marché parallèle a encore de beaux jours devant lui. Il n’y a qu’à improviser une virée dans les principales artères de la capitale pour constater l’ampleur de ce fléau et son poids dans les activités commerciales. Il s’agit d’un ensemble d’espaces commerciaux clandestins devenus par la force des choses, de véritables marchés jouissant d’une réputation irréprochable au sein de la population.

Les ménages sont en effet attirés essentiellement par ces places commerçantes illégales car ils ont la possibilité de négocier systématiquement le prix de la marchandise. Cette faveur est accordée par ces commerçants perfides à leurs clients, car ces derniers se fixent en toute liberté une large marge bénéficiaire et ne sont pas, de surcroît, assujettis à la moindre imposition. Chacune des deux parties, trouve de ce fait son… compte.

L’on s’interroge d’ailleurs quant au programme quinquennal du Président qui prévoit la création de 30 marchés de gros, 800 de détail et 1 000 autres de proximité ? Toutes ces difficultés contribuent ainsi à l’érosion du pouvoir d’achat des Algériens.

La famille algérienne est confrontée en effet, à de sempiternelles contraintes financières qui commencent dès le mois de jeûne, se poursuivent durant les fêtes de l’Aïd el-Fitr et el-Adha et la saison estivale jusqu’à la prochaine rentrée scolaire et sociale.  Ce sont autant de "”secousses sociales” mettant les ménages dans une véritable “gêne financière”. Autant d’événements qui, sans cesse, ravivent la fièvre dépensière chez ces citoyens. 

Dès la fin de la saison estivale et la rentrée sociale, les familles algériennes aux bourses moyennes souffrent d’une véritable saignée. Ainsi, ces familles n’ont d’autre choix que de se préparer à éviter l’endettement ou le surendettement. Car, comme l’a si bien signifié le président de l’Apoce, il faut un salaire de 75 000 DA à une famille algérienne pour vivre tout juste dignement…

B. K.

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