L’État d’Israël avance et conforte ses positions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord sans rencontrer la moindre résistance. Dans beaucoup de pays, le tapis rouge lui est déroulé et le processus de normalisation est brandi par les nouveaux convertis comme des prouesses diplomatiques. Si l’annexion des territoires palestiniens se fait dans le sang et le meurtre d’enfants, l’État hébreu a réussi en douce à “annexer” plus de pays arabes. Avec la monarchie marocaine, le mouvement se fait à un rythme soutenu. En une année, les Accords d’Abraham se matérialisent dans divers domaines et tout particulièrement dans leur dimension militaire. Le déplacement du ministre de la Défense israélien, Benny Gantz, acte ce qui s’annonce comme une coopération sécuritaire globale. Une première du genre entre Israël et un pays arabe, et qui scelle ainsi une alliance stratégique entre Rabat et Tel-Aviv.
Ce déploiement israélien dans la région intervient dans un contexte de rupture diplomatique entre Alger et Rabat, et à peine un mois après l’assassinat de trois ressortissants algériens visés par un drone marocain. Lors de son séjour marocain, celui qui fut le chef d’état-major de l’armée israélienne lors de l’agression contre Gaza en 2014 n’a cessé d’évoquer “les menaces grandissantes dans la région” pour défendre le rapprochement militaire avec la monarchie. Une déclaration qui soulève un coin du voile sur les intentions et les objectifs assignés à ce pacte avec le diable. Sur le long terme, il s’agit de conférer à Israël un positionnement stratégique d’influence au sud de la Méditerranée occidentale. Ce qui pourrait vraisemblablement remodeler, profondément et surtout dangereusement, toute la géopolitique de cette partie du monde que l’Algérie risque de subir de plein fouet.
La menace est sérieuse. Ouvertement hostile à Tel-Aviv, notre pays doit désormais faire dans l’anticipation et se préparer à ce qui s’apparente à une réplique du Grand Moyen-Orient. Comment ? À commencer d’abord et sans plus tarder par réparer les vulnérabilités du pays. “Certes, la menace existe et les hostilités envers notre pays sont flagrantes. Seulement, les visées déstabilisatrices extérieures ont d’autant plus de chance de réussir que les vulnérabilités du pays sont nombreuses”, avertit l’opposant Djamel Zenati. Concrètement, il s’agit d’en finir avec toutes les formes d’arbitraire, de garantir aux Algériens l’exercice de leurs libertés, de consacrer pleinement les instruments de l’expression démocratique substantielle. In fine, sortir du climat de crispation. C’est la plus solide des forteresses qui protège.
