Éditorial

Annie l’Algérienne

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Hassane OUALI Publié 23 Avril 2021 à 22:08

Jusqu’au bout… de sa vie, elle aura été une combattante  d’exception, une femme à part. Jusqu’au bout, elle aura été habitée par  la même fougue de jeunesse  qui  l’avait  amenée  à  s’engager  pleinement  dans  la  guerre d’Indépendance,  il  y a  presque  70 ans .  Annie  Steiner  incarne  avec élégance  la  permanence  d’une  certaine  idée  de  l’Algérie.  Celle  de l’émancipation, de  la  justice  et  de  la  dignité  humaine.  Ce  sont   ses passions, ses intangibles valeurs qu’elle portait à bout de bras. 

Les  jeunes  générations, qui n’ont  pas  du  tout  appris  à  l’école  ce  que fut Annie et nombre de ses camarades, étaient  émerveillées  de croiser la route de cette nonagénaire  à  la  chevelure  blanche  qui  chevauchait  les  carrés  de l’insurrection citoyenne de Février une rose à la main. La native de Hadjout fut une  combattante  au  long  cours, permanente, constante  et  inlassable, tant l’injustice exercée par Paul ou Ahmed l’insupportait. Elle fut ainsi cette femme pleinement algérienne. 

D’une discrétion remarquable, elle a toujours vécu auprès des humbles, au secours des faibles et souvent aux côtés des celles et ceux qui se battent. Elle n’était jamais en retard d’une guerre.  Sans  démagogie aucune, Annie Steiner détestait les feux  de la rampe, répugnait  le  confort  que pouvait lui procurer  son  statut.  Jamais  dans  la  haine  de  soi, encore  moins  dans le désespoir, celle qui a passé cinq longues années dans les geôles coloniales a de tout temps cru en sa société, sa résilience et son désir d’avenir. Comment ne pas l’être, elle  qui, là  où  elle  passait, prêchait  l’espérance, semait la dignité et infusait la béatitude comme une prophète de bonheur. 

Sans faire de son engagement révolutionnaire un étendard, Annie n’aimait pas trop parler d’elle-même et de ses  hauts  faits  d’armes, parce qu’elle était profondément enracinée dans un présent chargé d’injustice. L’Algérie non plus n’a pas parlé d’elle, d’où  l’ignorance  quasi  générale  de cette femme pleinement  algérienne  que  certains  présentent  comme  une  “amie” de l’Algérie. Parce qu’elle ne cadrait  pas  trop  avec  le  reprofilage identitaire national  et  la  réécriture  de  l’Histoire  adaptée  à  la  nouvelle  idéologie fantasmée.

Des visages comme  ceux  d’Annie Steiner, d’Henri Maillot, de Maurice Leban, de Monseigneur Duval  ou  encore  de  Mbarek Aït Menguellet, d’Amer Ould Hamouda, de Benaï Ouali et  de Sadek Hadjres  continuent  d’empêcher la confiscation de l’histoire et de la mémoire  de  ce qui fait la  gloire  de  notre pays. Ils rendent inopérante la tentation révisionniste. Ils sont  cette Algérie plurielle, diverses, ouverte et universelle. Cette Algérie qui a aussi pour nom Annie Steiner. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00