Éditorial

Défaite de la raison

  • Placeholder

Hassane OUALI Publié 16 Décembre 2021 à 10:54

Ils sont réfractaires au vaccin contre le coronavirus. Les Algériens sont parmi les moins vaccinés au monde. Les campagnes, lancées en grande pompe, font vite pschitt en raison de la méthode d’injonction en vigueur, qui plus est mal emballée. Peu efficace, elle agit comme un repoussoir. Les autorités politiques et sanitaires auraient pu, dès le départ, privilégier une approche pédagogique inclusive en associant les acteurs sociaux, mais aussi et surtout le personnel soignant qu’il faut sortir du statut “d’exécutant”. 

Mais ce n’est pas l’unique explication du refus massif de la vaccination. Si aucune enquête n’a été menée pour tenter de comprendre pourquoi les Algériens dans un large partie s’opposent à se faire vacciner, nombreux parmi eux le disent. Ils ne font pas confiance à la médecine et à la science. Sous l’emprise d’un discours social d’inspiration réactionnaire répandu partout et depuis de longues années, ils croient plus le “raqi” du coin ou encore le mufti auxquels ils demandent si le vaccin ne contient pas de gélatine ou autre substance “haram”. 

Il ne faut pas que les autorités, qui pendant longtemps ont fait dans la promotion de toute sorte de charlatanisme, s’étonnent aujourd’hui du comportement de beaucoup de personnes. Au terme d’une longue opération de remodelage du substrat culturel algérien où l’école, les médias, les mosquées étaient mis à profit, nous sommes parvenus à une situation où domine une défiance pour tout ce qui relève de la raison scientifique. Une nouvelle règle sociale s’est établie, celle où l’apprenti mufti fait l’opinion, dicte les lois et fixe les mœurs. 

Et c’est dans ce nouveau corpus irrationnel que nombre d’Algériens puisent leurs explications des faits et des phénomènes. La prescription d’un savant ne pèse pas beaucoup devant la fatwa de l’“imam” dont l’avis est régulièrement sollicité pour fixer des attitudes à avoir dans bien des domaines de la vie. L’on se rappelle comment le docteur Djamel Fourar, membre du Comité scientifique, était contraint de solliciter l’avis de la Commission de la fatwa du ministère des Affaires religieuses pour convaincre que le vaccin est licite. Une démarche qui consacre la supériorité du pouvoir religieux sur l’autorité scientifique quant à une question de médecine. Une défaite de la raison. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00