Éditorial

Demain ne sera pas une fête

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Hassane OUALI Publié 12 Mai 2021 à 01:52

Comment le serait-elle, alors que notre collègue, Rabah Karèche passera l’Aïd enfermé au fond de sa cellule. Privé injustement de sa liberté et éloigné arbitrairement de sa femme, de sa fille et de son fils. Comme toi, ils vivent une douleur insurmontable, une insupportable injustice. Ils subissent avec affliction et incompréhension ta longue absence. Difficile d’imaginer leur peine. Comme il est aussi difficile d’imaginer le supplice qui te ronge au plus profond de ta solitude en cette veille d’Aïd. Non, demain ne sera pas une fête.

Ceux qui ont décidé de t’envoyer au cachot avec promptitude et sans se soucier des conséquences fâcheuses de leur geste ont privé tes enfants des simples joies de la vie. En les arrachant à leur univers de l’innocence et de l’insouciance, ils les ont projetés dans le malheur. Rageant. Révoltant.

Mais, tu dois savoir que dans cette épreuve, tu n’es pas seul, nous sommes des millions à penser à toi et à ta famille. Nous savons aussi que tu resteras debout dans cette tempête que nous espérons courte. Tu tiendras certainement parce que, comme nous tous, tu sais que tu es innocent et que ton emprisonnement est injuste. 

En t’envoyant derrière les barreaux, ils ont infligé une punition collective à ta petite et grande famille. Alors qu’ils savent bien que tu n’a commis aucun délit. Ils sont convaincus que ton professionnalisme est irréprochable et tes écrits inattaquables. Mais ils te font payer ta rectitude morale, ton éthique intellectuelle et surtout ton courage de dire, de mettre des mots sur les maux, de “porter ta plume dans les plaies” béantes du Grand Sud. C’est parce que tu es porteur de ces valeurs qui ne résonnent plus dans un désert de turpitudes qu’il fallait te faire taire. Tu es leur mauvaise conscience.

Que peut la fragile vérité éclairante devant la puissance de l’arbitraire aveuglant ! Cette guerre asymétrique laisse peu de place aux hommes et aux femmes dont le souci permanent est de jeter de la lumière sur les zones d’ombre et autres coins sombres qui avilissent notre humanité. Mais en t’enfermant, tes adversaires commettent une grave erreur d’appréciation. Les problèmes et préoccupations ne disparaissent pas en brisant ta plume qui les rend visibles. Ils vont s’accumuler, s’aggraver et devenir inextricables lorsque ça leur éclatera à la figure telle une bourrasque. Ce jour-là, ce ne sera pas la fête pour eux.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00