Éditorial

Djabelkhir, l’ijtihad et le djihad

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Hassane OUALI Publié 02 Avril 2021 à 23:54

Il porte bien son nom, Djabelkhir (celui qui ramène du bien). En prônant un discours renouvelé, adapté et surtout ouvert sur l’universalité, l’islamologue Saïd Djabelkhir est une de ces voix qui approchent l’islam avec rationalité. Une démarche intellectuelle salutaire pour une société qui a déjà vécu dans sa chair les dérives obscurantistes. Vent debout et en solitaire, il s’emploie inlassablement à instaurer un débat serein, sérieux et critique sur la religion et son usage — souvent déviant — à travers l’histoire.

À contre-courant du discours dogmatique dominant, Saïd Djabelkhir secoue les certitudes absolues et malmène les consciences figées. Plus que cela, il met mal à l’aise les illuminés et autres faux dévots qui se croient propriétaires exclusifs et légitimes de la parole divine. Ils savent que le travail de l’islamologue leur enlève toute légitimité religieuse et met en cause le monopole qu’ils exercent outrageusement sur la pratique de l’islam. Et faute d’un débat contradictoire et d’arguments solides à lui opposer, ses adversaires préfèrent l’insulte, l’invective et les menaces. Ils veulent le faire taire. Les nouveaux muftis et les ayatollahs de la mort, en meute, veulent le conduire à l’échafaud. Face au djihad qu’ils instaurent et la peur qu’ils instillent dans le cœur des gens, Saïd Djabelkhir leur répond par l’ijtihad (la jurisprudence).

C’est le sens du face-à-face qui a eu lieu ce jeudi au tribunal d’Alger qui met en scène deux conceptions antinomiques de ce que doit être la religion dans le monde moderne. L’une apaisée, ouverte et tolérante portée par l’islamologue. L’autre, indiscutable, fermée, figée défendue par un plaignant qui s’érige en avocat de Dieu. En filigrane, ce sont deux projets de société en conflit permanent. S’il est vrai que le tribunal n’est pas l’endroit où devrait se dérouler cette confrontation. Ce n’est pas une affaire pénale. Mais cet épisode peut bien aider à engager les débats de fond qui agitent notre société. Mais dans un climat démocratique et en toute liberté… de conscience.

Loin des excommunications escortées de fatwas prononçant la peine de mort. L’affaire ne concerne pas uniquement Djabelkhir et son accusateur, mais l’ensemble de la société. D’où l’impérieuse nécessité de mettre — maintenant — sur la table du débat national les questions liées aux libertés citoyennes. Le changement que réclament des millions d’Algériens depuis le 22 Février 2019 doit trouver sa matérialisation dans leur capacité à accepter la citoyenneté dans son acception universelle. Le changement, c’est aussi et surtout une transformation du soubassement culturel et sociologique de la nation.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00