Éditorial

Efficacité citoyenne

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Hassane OUALI Publié 30 Juillet 2021 à 22:55

Branle-bas de combat dans tous les villages et toutes les villes d’Algérie. Face à la crise d’oxygène qui aggrave celle du coronavirus, des citoyens redoublent d’énergie pour venir en aide aux malades et être au chevet des hôpitaux. Un peu partout dans le pays, ils mettent la main dans le cambouis. Ils décident eux-mêmes des confinements et lancent des campagnes de sensibilisation. Épaulés par des industriels, ils créent des “banques populaires” pour financer l’achat des générateurs de l’étranger et monter rapidement des unités de production du précieux oxygène.

À Oum El-Bouaghi, des femmes font don de leurs bijoux. Exceptionnel. En dépit du sinistre sanitaire, il s’exprime dans le pays un puissant sentiment de fraternité agissante. C’est un mouvement inédit de mobilisation et de solidarité citoyenne qui a fait éruption face au virus qui sème mort et désolation. Cette implication citoyenne spontanée tranche avec les lourdeurs bureaucratiques et les décisions d’en haut sans impact sur le réel. Elle rompt avec les attitudes d’attentisme et d’assistanat. Manifestement, ce manque d’oxygène dans les hôpitaux a donné un grand souffle à la société qui a été, jusque-là, exclue de la grande bataille contre l’épidémie.

Sans son concours, le personnel médical serait dépassé et les structures sanitaires submergées. Fondateur de l’anthropologie de la santé, le professeur Mohamed Mebtoul n’a pas cessé, dès l’apparition du Covid, de plaider à agréger la société à la lutte contre la propagation de l’épidémie. La méthode d’injonction infantilisante n’opère plus dans un environnement sociologique défiant. Gageons que cet élan social amènerait à intégrer les acteurs réels de la société civile dans la chaîne de commandement sanitaire.

Des maires ont montré l’exemple en associant les comités citoyens à la prise de décisions. Ce moment difficile que traverse le pays doit aussi inciter les décideurs à revoir leurs rapports à la société. Sortir du système de l’ordre-domination pour mettre en œuvre une approche participative. Le pays a atteint une masse critique nécessaire. Que cette nouvelle épreuve sanitaire serve de point de rupture avec la doxa dominante qu’il faudra impérativement déconstruire. Faire confiance à cette efficacité citoyenne. Il faut cesser de cultiver le mépris du soi algérien et mettre au centre des préoccupations centrales l’idée citoyenne, mais sans pour autant tomber dans le piège de la sublimation démagogique. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00