Éditorial

Émigrés du savoir

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Hassane OUALI Publié 03 Novembre 2021 à 11:14

Ils partent par vagues successives. À peine le diplôme obtenu, des milliers d’étudiants algériens s’empressent de quitter le pays pour rejoindre les bancs des universités étrangères, essentiellement françaises. Si le phénomène n’est pas nouveau, il prend, cependant, une grande ampleur depuis une décennie. Il se massifie et devient structurel. Motivés a priori  par le désir de poursuivre leurs études dans de prestigieuses universités, ces émigrés du savoir finissent par s’établir définitivement dans le pays d’accueil. 

Certains prennent même la nationalité. Alors que le mouvement de retour est insignifiant. Nombreux parmi ces contingents étudiants changent de statut, dès la première année de leur arrivée, pour basculer dans le monde du travail ; le visa d’études servant de ticket d’entrée légal. Ils constituent ainsi une main-d’œuvre qualifiée grassement offerte. Une perte sèche pour le pays d’origine qui a massivement investi dans leur formation sur une longue durée. Pendant que ces diplômés enrichissent “leur” nouvelle société, ils vident et appauvrissent leur pays d’origine. Ce mouvement migratoire, inscrit dans la trajectoire de la “fuite des cerveaux”, est comme ignoré, alors qu’il devrait interroger sérieusement notre rapport à la jeunesse instruite. 

Banalisée, cette “harga scientifique” traduit un profond malaise national et l’incapacité pour le jeune Algérien de se réaliser dans son propre pays. Ils le disent dans leurs témoignages. L’attrait des grandes universités européennes n’est pas la seule et unique raison du départ. La peur d’un lendemain incertain est l’un des motifs décisifs. La multiplication des raisons de l’échec individuel et social pèse également dans ce choix d’exil. Cela se vérifie dans l’implication morale et financière des parents dans ce “projet de vie” dans lequel ils lancent leur progéniture. On ne peut pas non plus occulter cette recherche de liberté sans laquelle, la jeunesse s’abîme. Cela doit impérativement renvoyer à réfléchir sur les raisons qui peuvent et doivent retenir ici ces cerveaux fertiles, afin qu’ils puissent envisager leur vie dans leur propre pays. C’est un immense chantier qui nécessite science et savoir. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00