Et Ghlamallah en rajoute une couche dans cette entreprise désespérée de remodeler ce qui fonde l’âme profonde de l’Algérie et son esprit universel. Son histoire immémoriale et son identité millénaire. Il vient renforcer le rang de ceux qui poussent vers une sortie de l’Histoire. Celui qui fut longtemps ministre des Affaires religieuses de Bouteflika concentre ses ultimes forces à redéfinir l’être algérien. Sans retenue aucune, contre toute sagesse, il décrète que “l’Algérien ne peut être que musulman”. Et au passage, il désigne les Algériens qui ne rentrent pas dans cette case étroite comme étant des “résidus du colonialisme” !
Les propos de Bouabdellah Ghlamallah auraient été anecdotiques et marginaux si l’homme n’occupait pas une fonction officielle aux influences morales. Il serait passé sans retenir l’attention s’il n’était pas venu pas renforcer une campagne soigneusement menée et dont l’objectif recherché est d’enfermer l’Algérie dans un univers aussi archaïque que rétrograde. Faut-il rappeler à l’ex-ministre que l’Algérie est un État républicain et non pas un califat. Un État dans lequel les Algériens sont des citoyens et non pas des croyants et dans lequel les individus ont le droit de choisir librement leur conviction religieuse.
Il appartient à l’État de protéger le droit de chaque citoyen dans ses choix de conscience et dans l’exercice de son culte. Il n’appartient à aucune autorité, de quelque nature qu’elle soit, de s’y mêler. L’ex-ministre ignore-t-il que c’est le droit positif qui fixe les lois régissant les rapports dans la collectivité nationale ? Pas si sûr. Mais il sait que la puissance de l’idéologie est supérieure à la force de la loi. L’essentiel pour lui est de travailler le corps social par en-bas pour ensuite adapter les lois aux desiderata de la nouvelle société fantasmée.
Mais au-delà de sa définition juridique, l’Algérie est d’abord une idée, une longue construction historique et surtout une aspiration et un désir d’avenir. Elle n’a jamais été exclusiviste, encore moins passéiste. Elle est plurielle dans ses cultures, ses cultes, ses langues et ses identités. Faut-il rappeler à Bouabdellah Ghlamallah et à ses partisans en mal d’inspiration que plusieurs de leurs ancêtres idéologiques ont lamentablement échoué dans leurs desseins. Les Algériens — longtemps trompés — ont su avec lucidité lire l’histoire et surtout ont pu courageusement remettre l’Algérie à son endroit naturel. Certes, au prix de vies humaines et de ratages historiques qu’elle ne peut plus se permettre aujourd’hui. M. Ghlamllah, le pays a grandement besoin de paroles sages, apaisantes et éclairées, pas de la surenchère. Saha ftourek !