Éditorial

Faute politique

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Hassane OUALI Publié 30 Août 2021 à 10:41

À quoi joue le ministère de l’Éducation nationale ? En décidant de confiner l’enseignement de la langue amazighe dans l’angle mort du facultatif sous le fallacieux prétexte de la crise sanitaire, les responsables de ce ministère commettent une double faute politique et pédagogique. Exclure l’enseignement de la langue amazighe du calendrier officiel traduit le peu d’intérêt accordé à cet élément constitutif de l’école algérienne. 

C’est loin d’être une maladresse. La décision révèle l’insupportable mépris à l’égard de cette langue pourtant gravée dans le marbre de la Constitution au terme d’un long combat mené par plusieurs générations. Outre son caractère arbitraire, cette mesure est prise dans un contexte politique inflammable qui  peut bien alimenter la tension sociale. Si elle arrange les adversaires historiques de la culture amazighe, la démarche du ministère de l’Éducation est perçue comme une provocation. Une provocation de trop. 

Elle est de nature à nourrir dangereusement une nouvelle et inutile polémique, alors que le pays peine à recoller ses morceaux. Elle peut facilement rallumer la guerre des langues. D’évidence, cette nouvelle agression anti-pédagogique et anti-constitutionnelle rappelle combien étaient légitimes les inquiétudes des millions d’Algériens quant à la sérieuse volonté de promouvoir cette langue-mère. Malgré son introduction - à dose homéopathique et à marche forcée - dans la loi fondamentale, tamazight jouit toujours d’un statut mineur. Tout est fait pour la maintenir dans une précarité académique. L’interminable ajournement de l’installation de l’Académie algérienne de la langue amazighe, prévue par la Constitution, en est la preuve éclatante. Victime d’un apartheid linguistique depuis l’indépendance nationale, le fait amazigh a fini par triompher. Au prix d’immenses sacrifices. Les Algériens dans leur majorité ont également fini par accepter cette réalité identitaire et l’assument sans aucun complexe. 

Cependant, des segments de la pensée unique continuent de parasiter le processus de réconciliation culturelle. Certains l’ont bien exprimé lors du référendum constitutionnel du 1er novembre 2020 parce qu’il consacre l’intangibilité de la langue amazighe. Fief du conservatisme réactionnaire,  l’Éducation nationale a depuis toujours été réfractaire à toute ouverture linguistique et plus généralement à l’ouverture sur l’universel. Toutes les tentatives d’émancipation étaient vigoureusement combattues. Nouria Benghabrit en sait quelque chose. En embuscade, ces brigades chargées de veiller à l’embrigadement idéologique n’abandonnent pas leur bataille... d’arrière-garde. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00