Éditorial

Jeu trouble

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Hassane OUALI Publié 19 Août 2021 à 10:32

L’heure est grave. L’Algérie a peur. Elle peut se projeter vers le meilleur comme elle risque de basculer dans le pire. Les passions se déchaînent poussant les tensions à l’extrême. Depuis l’assassinat de Djamel Bensmaïl, s’est installé dans le pays un climat d’une rare hostilité. L’hystérisation des débats occulte outrageusement les appels à la raison, alors que le moment recommande impérieusement lucidité pour dépasser, sans trop de dégâts, la double tragédie infligée à la Kabylie. Occultant vite la tragédie des feux qui ont tout brûlé, des spécialistes de la haine investissent massivement dans le drame pour embraser une région plongée dans une douleur atroce.

Ils excellent délibérément dans le dangereux jeu d’amalgame pour solder leurs comptes avec la terre d’Abane Ramdane. Pendant que des millions d’Algérien.ne.s tendent la main aux rescapés des flammes dans un formidable élan de générosité, ces ayatollahs de la discorde soufflent sur les braises. Des acteurs politiques, sociaux, des internautes à visage découvert surfent sur le drame commis par une meute de barbares pour exiger de la Kabylie de se repentir et de sa population de lever le drapeau blanc.

Non, les harkis d’hier ne peuvent, en aucun cas, donner des leçons de patriotisme à toute une région qui a porté lourdement - de tout temps et parfois seule - les aspirations algériennes. Non, les citoyens de Kabylie n’ont pas à raser les murs ou à “montrer leur carte d’identité” à chaque fois qu’ils prennent la parole. Cependant, ceux de la région biberonnés au discours nihiliste adossé à l’ethnicisme destructeur doivent impérativement se retirer de la scène pour que la cité puisse enfin retrouver sa dynamique citoyenne, ouverte et joyeuse. L’Algérie n’a pas à soumettre ou à se dissoudre dans l’acide des passéistes. 

Sévissant impunément depuis la fameuse opération “zéro Kabyle” diablement inspirée, ces voix de la haine doivent être éteintes rapidement. Il faut vite que celles de la raison se libèrent et fassent écho partout. Noureddine Bensmaïl a donné le ton. Au niveau politique, les autorités du pays doivent aussi privilégier les voies du discernement. En ce moment critique où le pays est projeté brusquement sur une ligne de crête, il appartient à tous de contribuer sereinement à l’apaisement. À ce concours, le rôle des services de l’État est prépondérant. Il y va du destin d’une nation longtemps malmenée, souvent livrée aux turpitudes d’une histoire phagocytée. Faisons en sorte que des cendres qui couvrent des territoires brûlés du pays poussent des roses. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00