Éditorial

L’informel, un poids démesuré !

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Djilali BENYOUB Publié 25 Mai 2021 à 09:49

Apanage des maigres salaires qui y recouraient pour arrondir clandestinement leur fin de mois, des laissés-pour-compte qui ne trouvaient pas d’embauche parce que trop instruits et rejetés par l’artifice 120, l’article priorisant les encartés FLN, ou n’ayant aucune qualification, mais aptes à s’acquitter, suivant quelques rudiments puisés dans le système D, de n’importe quelle tâche, comme un pro.

Cette pratique qui relève plus de la débrouillardise que de l’emploi, s’est, par extension, depuis l’entrée de l’Algérie en crise, les années Chadli Bendjedid, emparée de pans entiers de “métiers” tout en échappant au contrôle, suivant la trajectoire imprimée à l’économie nationale et ses restructurations.

La fermeture des unités publiques a provoqué une poussée du chômage qui a nourri les territoires “secondaires” ignorés par la politique économique nationale, adossée, de toute manière, à la rente pétrolière. Une rente qui incite à un effort minimal de réflexion pour juguler la crise en vigueur depuis le milieu des années 1980. 

Cette glissade vers le marché “illégal”, qui s’est imposé comme alternative à l’absence de l’emploi public, a été tolérée parce que constituant en soi une soupape de sécurité qui évite la protestation et l’émeute. Et c’est ainsi que le trabendo, activité commerciale de contrebande, consacré comme tel par le dictionnaire, a prospéré et concurrencé “loyalement” le commerce formel. 

Devant les impasses où a conduit l’absence de vision économique, le processus qui a présidé à l’essor du trabendo a été calqué pour être éprouvé dans tous les créneaux et contaminer même le secteur public. Même si des responsables lui trouvaient “un rôle social”, une sorte de régulateur qui leur épargne les tracasseries pour lui trouver des alternatives légales, il se trouve qu’aujourd’hui, cet informel a pris des dimensions telles qu’il menace l’économie et la stabilité du pays.

Un tel poids que les autorités préfèrent regarder de biais pour ne pas avoir à affronter sa véritable dimension. Préférant en cela au lieu d’une solution appropriée qui nécessite un courage politique — le paiement par chèque des factures de plus de 500 000 DA avait coûté sa place de Premier ministre à Ahmed Ouyahia — les recettes au parfum populiste devenues le bunker où se réfugient les ministres priant la remontée des cours du pétrole pour oublier un moment cette économie informelle qui a déjà assis son ordre et ses règles.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00