Éditorial

Le difficile débat

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Hassane OUALI Publié 22 Juin 2021 à 09:48

Systématiquement convoquée pour nourrir l’actualité, l’histoire de la période coloniale et la guerre de Libération nationale occupent une place centrale et permanente dans les débats citoyens qui prennent régulièrement les allures de controverses enflammées. La sortie récente de Nordine Aït Hamouda est, à ce propos, révélatrice des vives passions que suscite la question de la mémoire au sein de l’opinion. Ce n’est pas propre à l’Algérie, faut-il le rappeler. Connu pour son verbe acéré qui laisse peu de place à la nuance, le fils du colonel Amirouche n’a pas pris de gants pour évoquer l’Émir Abdelkader ou encore Messali Hadj. Le terme “traître” qu’il a employé est plus que répréhensible. Prévisibles, ses saillies ont provoqué une levée de boucliers à gauche comme à droite. S’ensuivirent des sommations lui intimant l’ordre de se taire tout en lui déniant le droit de s’aventurer sur un champ qui ne relèverait pas de sa compétence ! 

La condamnation est vite prononcée et l’échafaud est immédiatement dressé. Pour le disqualifier, des commentateurs de la vie politique et, curieusement, même des défenseurs de la liberté d’expression jettent la suspicion en s’interrogeant sur le pourquoi du timing et la supposée arrière-pensée politicienne de la sortie de l’ancien député de Tizi Ouzou. Une technique d’intimidation classique amplifiée par la dictature des réseaux sociaux. Faut-il alors qu’à chaque fois qu’un citoyen souhaite prendre la parole publiquement, il demande une autorisation et qu’on lui fixe au préalable le sujet et le moment ? Qui tient le calendrier ?  

L’autre curiosité remarquée chez cette brigade de dénonciateurs est son mutisme assourdissant face aux propos de ce chef de parti intégriste ou de l’autre sénateur en mal de reconnaissance qui, dans un racisme décomplexé, insultent matin, midi et soir toute une région et ses martyrs. Étaient-ils nombreux à défendre la mémoire d’Abane lorsqu’elle fut souillée ouencore lorsque la vaillante Moudjahida fut insulter par un ceratin amar Saadani ? Non. Ils n’étaient pas non plus nombreux à s’indigner d’une haineuse campagne qui prend pour cible permanente la Kabylie, les femmes et les libres penseurs, menée par un segment de la société dont l’idéologie croiserait celle d’une certaine bien-pensance. Il est vrai que le thème abordé par Aït Hamouda est aussi sérieux que complexe, voire sacré. Mais faut-il pour autant interdire de débattre, de discuter et de mettre sur la table des problématiques dites sensibles ? Certes, l’histoire est une question de spécialistes, mais elle est également une affaire citoyenne dont l’opinion peut bien et légitimement s’emparer. 

Elle est un sujet scientifique, mais également un objet politique qui concerne directement les citoyens, et donc leur droit de donner leur avis. N’est-ce pas grâce aux luttes citoyennes que des figures historiques bannies ont pu faire leur retour dans l’histoire nationale, alors que beaucoup d’experts en Histoire avaient observé un silence de cimetière. En effet, l’idéal est d’engager dans la sérénité avec responsabilité  -sans blesser- ces débats souvent soulevés grâce à la controverse. L’injonction au silence est mortelle pour la confrontation des idées, il faut inciter à parler et écrire, et c’est toujours le bon moment. Cela relève de la vie et de la vitalité démocratique. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00