Éditorial

Le droit d’importuner

  • Placeholder

Hassane OUALI Publié 15 Février 2022 à 10:21

Il n’y a pas plus incertain pour un pays, un État ou un gouvernement que d’être pris dans la périlleuse loi de l’immédiateté. Menaçante pour la bonne marche de la conduite des affaires publiques, la dictature de l’urgence aveugle ceux qui sont aux commandes et désabuse ceux qui subissent les décisions. Sommés de parer promptement aux problématiques de fond, ils excellent dans l’improvisation et donnent lieu à des “réponses” mal élaborées, singulièrement inopérantes. Elles deviennent elles-mêmes des crises. 

Les “corrections” apportées par le Conseil des ministres à la loi de finances 2022 sont à ce titre l’illustration de l’impréparation criante, mais surtout de l’absence d’anticipation dans l’élaboration d’un document pourtant très classique. C’est cette manière de faire qui a prévalu de tout temps et pas seulement dans le domaine de la finance. Une méthode de gouvernance qui a non seulement montré ses limites, mais qui a eu comme conséquence la complexification de lourds dossiers qui déterminent l’avenir du pays. Par effet accumulatif, elle rend inextricables des situations qui, à l’origine, étaient faciles à démêler. 

Plus qu’une méthode à corriger, mais toute une culture de l’exercice du pouvoir qu’il faudra revoir. Il s’agit d’en finir avec la verticalité dans la prise des décisions en élargissant grandement le cercle de discussions et de réflexion. Il appartient à l’autorité politique de créer les conditions les mieux à même de permettre aux intelligences nationales d’exprimer librement leurs idées et opinions. Et pourquoi pas, les impliquer dans la gouvernance. Pour cela, la liberté de parole à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Exécutif est encore plus essentielle. Le silence qui caractérise la vie politique nationale est plus dangereux pour le pays que les oppositions et leurs critiques les plus radicales. Un ministre, un député ou un conseiller serait inutile quand il se confine aveuglément dans la posture de l’approbation dictée par la peur ou par l’opportunisme. 

Des réprobations postérieures pour se donner bonne conscience sont pires que les complicités antérieures. Mais par-dessus tout, le pays qui fait face à des défis monstres, a impérieusement besoin d’évoluer dans un climat de confiance. Il ne peut s’en sortir que par la richesse des idées et la diversité des opinions. Son appauvrissement est charrié par les cortèges des laudateurs. Ils sont ses pires ennemis.  

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00