Éditorial

Le fils de la Toussaint

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Hassane OUALI Publié 29 Juin 2021 à 09:57

Trente six ans après, il retourne en prison. 1985, ce n’est pas le passé, c’est devant lui. Après avoir livré la grande bataille pour l’avènement de la démocratie avec une poignée de compagnons, Noredine Aït-Hamouda, fils du mythique colonel Amirouche, est envoyé derrière les barreaux. Quel destin ! Que devait-il se dire dans sa profonde solitude lorsque les portes de sa cellule se sont refermées sur lui en cette nuit du 27 juin ! En l’espace d’une semaine agitée, tout a basculé. Reclus dans sa montagne à Tassaft, celui qui a conduit des bataillons de patriotes pour combattre le terrorisme islamiste les armes à la main ne pouvait imaginer un instant qu’une déclaration en lien avec le passé allait lui ouvrir les portes de l’enfer. Plus qu’un choc. Les Algériens de tous bords sont comme sonnés. Ils n’en reviennent pas. On n’arrête pas le fils du colonel Amirouche.

Ce n’est pas parce qu’il serait un super citoyen jouissant d’un statut d’intouchable de la République. L’homme n’a fait qu'exprimer un point de vue sans incidence sur l’Histoire. Mais son emprisonnement, par contre, peut bien changer beaucoup de choses sur le présent et l’avenir. Nordine Aït-Hamouda est un personnage à part qui occupe une place particulière dans l’imaginaire collectif. Il incarne à lui seul des moments de gloire et des périodes tourmentées dans l’histoire contemporaine. Il n’est pas seulement un homme politique appartenant à une mouvance ou à un parti. Son parcours renvoie en permanence aux défaites morales et symboliques enchaînées depuis l’indépendance nationale. Noredine, c’est le destin tragique infligé aux enfants de martyrs de la révolution qui ont été déférés devant la Cour de sûreté de l’Etat pour avoir osé déposer des gerbes de fleurs sur les tombes de leurs parents, en marge des cérémonies officielles ; par ce geste, ils voulaient défendre la mémoire contre d'indécentes manipulations.

Nordine, c’est l’histoire d’une séquestration de deux personnages centraux de la glorieuse révolution, Amirouche et Si El-Houas. Nordine, c’est l’épreuve de feu face au terrorisme ravageur. Il était celui qui a osé défier la peur, celui qui a marché devant des milliers de patriotes pour barrer la route aux fossoyeurs de l’Algérie. Nordine est le fils de son père, son digne héritier. N’en déplaise à ceux qui veulent rejouer le match des années quatre-vingt-dix. L’envoyer en prison pour avoir prononcé quelques phrases - fussent-elles répréhensibles - c’est effacer d’une traite l’engagement d’un patriote singulier. Il est d’une certaine manière le révélateur d'une histoire factice et d'une mémoire frelatée. Ça laissera des traces.

 

 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00