Éditorial

Le vigile

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Hassane OUALI Publié 05 Juin 2021 à 00:43

Cela fait un mois et demi que notre journaliste Rabah Karèche est placé en détention provisoire dans l’attente d’un procès. Non seulement c’est trop long, mais son placement sous le régime du mandat de dépôt n’avait pas lieu d’être. Il présentait toutes les garanties pour répondre au juge tout en étant en liberté ; un statut qui n’aurait influé aucunement sur le déroulement de l’instruction. En se retrouvant derrière les barreaux, celui qui nous donne des nouvelles du Sud vit une épreuve terriblement dure. Un supplice pour sa famille, sa femme et ses enfants. Difficile d’imaginer leur quotidien.

C’est un épisode pas si facile aussi pour la rédaction qui souffre de l’absence d’un de ses meilleurs éléments. Une rédaction qui, au quotidien, doit faire avec des pressions en tout genre tout en continuant d’assurer sa mission - avec passion et dignité - d’informer ses fidèles lecteurs et d’éclairer sur les grandes questions de l’heure. Dans cette épreuve, que nous souhaitons clore rapidement, elle fait preuve d’un grand sens des responsabilités et surtout d’un remarquable sang-froid. Ulcérée au plus haut point, son unique souci est de voir le journaliste retrouver sa liberté, sa famille et Liberté, sa seconde famille.

Nous avons grandement besoin de lui et de sa plume qui a toujours fonctionné en éclaireur ou comme un thermomètre. Rabah Karèche, qui a fait le choix du Sud, pendant que la plupart des personnes de sa génération ont pris la route de l’Occident, était le premier en sa qualité de journaliste d’alerter, de tirer la sonnette d’alarme sur des faits qui pouvaient nuire à la collectivité nationale. Il est une sorte de vigie. Un vigile. Pas seulement. Avec ses reportages, il a su remettre ce Sud extrême - longtemps ignoré - au centre des préoccupations pour en faire une priorité nationale. Il a régulièrement rendu visibles les multiples beautés de Tam et de ses environs, donné à voir la générosité légendaire de ses habitants. Pendant que certains perçoivent le Sud comme un sous-sol, lui, l’humanise.

Aujourd’hui, au fond de sa cellule, il devrait se dire : “Est-ce que tout cela en valait la peine ?!” Non pas dans un cri de colère culpabilisant, mais avec un profond sentiment de dégoût d’un journaliste incompris qui, normalement, devrait être couronné de gratitude.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00