Éditorial

Liberté pour Karèche

  • Placeholder

Hassane OUALI Publié 20 Avril 2021 à 23:21

Notre collègue Rabah Karèche a passé sa deuxième nuit en prison. La troisième serait de trop. Le pire des châtiments que l’on puisse infliger à un journaliste qui exerce fièrement son métier dans un contexte hostile. Témoin d’une vie austère de milliers d’Algériens dans une région - Tamanrasset - aux conditions primaires, Rabah Karèche fait exister le Sud algérien à travers ses reportages ; il donne à voir cette région si loin du Nord et nous rappelle combien il est difficile de vivre à 2 000 kilomètres d’Alger.

À travers lui, les habitants du Grand Sud parviennent à faire entendre leur voix, leur colère et leur indignation, mais aussi leurs désirs et espérances. Il fait la fierté de sa rédaction et de la corporation par son éthique, sa rigueur et son attachement viscéral aux valeurs citoyennes. Aussi, parce qu’il est cette fenêtre à travers laquelle, le Sud arrive à voir le Nord.  Et inversement.   

Rabah Karèche, qui a fait le choix de s’installer à Tam en quittant sa Kabylie natale, est devenu au fil de ses reportages ce lien - fragile - qui rattache le Sud au Nord. Un choix de vie et intellectuel qui montre tout l’amour qu’il a pour cette partie si immense, si riche, si plurielle de notre pays. Par ce choix, Rabah Karèche fait preuve d’un insoupçonnable patriotisme. L’accuser de vouloir porter atteinte à l’unité nationale et à sa sûreté est inacceptable, infondé et surtout injuste. Par ses écrits, notre journaliste est devenu une vigie, un vigile qui alerte sur tout ce qui peut menacer cette partie stratégique du territoire national. 

Avec courage, il a toujours porté sa plume sur les plaies ouvertes du Sud livré à l’abandon, dans ce désert au sable mouvant. Journaliste de terrain, il observe scrupuleusement tout ce qui agite cette région - si convoitée, si oubliée - pour ensuite en informer objectivement l’opinion publique. Inévitablement, ses écrits dérangent, parce qu’ils interpellent et surtout lèvent le voile sur toutes les magouilles qui sont les véritables menaces. Et ce n’est pas en cassant sa plume que l’on va résoudre les préoccupations et les problèmes qu’elle soulève.

En le privant de sa liberté, c’est jeter un voile dangereux sur un espace à forts enjeux. L’emprisonnement du journaliste Rabah Karèche est un arbitraire, tout comme les accusations qui pèsent sur lui ; sa libération immédiate ne peut qu’être une réparation. Sa place n’est pas la cellule étouffante. Son lieu de vie, c’est sa liberté, celle d’un journaliste libre. Auprès de sa femme et de ses deux enfants qu’il doit vite retrouver. Auprès de ses concitoyens-lecteurs… dans cette Algérie où l’on ne cesse d’envoyer le journaliste en prison. Liberté pour Karèche. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00