Aussi pitre que piteuse. Jamais une campagne électorale n’a été d’une aussi légèreté politique. Le burlesque le dispute tristement à la bêtise. Parfois les discours frisent l’ignominie. Alors que le rendez-vous du 12 juin est abordé comme une étape importante dans l’édification institutionnelle, les prétendants brillent moins par leurs propositions programmatiques à contenances politique et économique. Excellant dans l’anecdotique de mauvais goût, ils font souvent figure d’acteurs mal inspirés où la bouffonnerie tient lieu de programme politique. Et le tout joué sur une scène déserte. Il y a comme un manque de considération de la mission d’un Parlement de la part de ceux-là mêmes appelés à y siéger.
Sous la bannière de partis ou sous l’étendard de listes indépendantes en vogue, les milliers de candidats peinent à construire un discours encore moins à formuler des propositions à la mesure de la gravité de la crise à laquelle fait face le pays. Se drapant derrière le slogan — galvaudé — du “changement”, ils ne parviennent plus à donner consistance à une élection qu’ils veulent pourtant “déterminante” pour l’avenir du pays. Inexpérimentés, la plupart des candidats découvrent, effarés, pour la première fois, le monde complexe de la politique. La vague de “jeunisme” ne saurait être un argument politique qui entraînerait une dynamique au sein de l’opinion. D’évidence, les journées de campagne électorale — encore en cours — ont suscité chez les citoyens plus de révulsion que d’adhésion. Elle fonctionne comme un repoussoir. À se demander qui travaille réellement à dissuader les électeurs de se rendre massivement aux urnes le jour du vote ! Comment peut-on croire et suivre un homme politique qui promet “le paradis aux Algériens au nom de 1,5 million de martyrs” !
Il est vrai que le contexte dans lequel se tiennent les législatives anticipées est extrêmement particulier. Un handicap majeur. Mais est-ce une raison de tourner en dérision une bataille électorale ? Le génie politique s’affirme justement dans cette adversité qui précède la véritable épreuve du pouvoir. Sans préparation politique solide, les futurs députés seront en déphasage total avec les difficultés économiques qui s’annoncent. Le risque de se retrouver avec une composante parlementaire faible est une perspective certaine, mais surtout peu rassurante. Le 13 ne sera pas une partie de plaisir. Les futurs législateurs sont-ils conscients de la complexité de la phase actuelle que traverse le pays ? Pas si sûr.