Éditorial

Monstre insaisissable

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Hassane OUALI Publié 05 Septembre 2021 à 00:41

Lutter contre l’informel est comme une cause  perdue d’avance. C’est parce que la bataille n’a jamais effectivement été engagée. Les annonces solennelles sont vite diluées dans les incontrôlables et influents “marchés noirs”. Inscrite dans toutes les lois de la République et réaffirmée dans chaque agenda des gouvernements successifs comme priorité stratégique, l’éradication de l’économie parallèle est devenue presque une chimère. Force est de constater que le phénomène a pris de l’ampleur jusqu’à devenir la norme. Il dicte sa propre loi, défie et défait les règles institutionnelles. Les services de l’État apparaissaient impuissants face à ce monstre insaisissable, lorsqu’ils n’étaient pas, dans certains cas, permissifs. Pendant que les seigneurs de l’informel fleurissent impunément, les acteurs économiques évoluant dans le cadre légal continuent de subir les foudres d’une administration impitoyable. Par effet accumulatif, les secteurs informels ont fini par occuper des espaces gigantesques dans l’économie nationale. Ses barons prennent conscience de leur poids prépondérant et sautent le pas pour faire alliance avec le monde politique et les sphères officielles. Un mariage devant aboutir au contrôle de l’appareil de l’État et qui a donné naissance aux forces extraconstitutionnelles qui s’emparaient des décisions politiques jusqu’aux plus souveraines. Une prise d’otage de l’État menacé dans sa pérennité. L’informel n’est plus réductible à sa dimension économique seulement, il est devenu politique. Ce processus destructeur s’accomplissait, alors que l’enjeu central du pays était d’institutionnaliser les pouvoirs. C’est contre cet État parallèle qu’il faudra se battre aujourd’hui. Une tâche herculéenne qu’il convient d’assumer vigoureusement. C’est à cette aune que l’État retrouvera toute son autorité. Une tâche qui ne devrait pas se limiter aux insignifiantes et spectaculaires opérations coup-de-poing. Mais elle appelle des réformes audacieuses dans le secteur de l’économie et dans l’organisation de l’État. L’informel et la corruption ne sont pas des déviances  amorales, mais des faits qui obéissent à des logiques marchandes aux multiples ramifications dont la bureaucratie constitue un des substrats. S’il l’on veut le mettre à l’abri d’autres dérives, le pays ne doit plus s’accommoder des instruments économiques obsolètes venus d’une époque révolue. ■

 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00