Éditorial

Naufrage des consciences

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Hassane OUALI Publié 26 Décembre 2021 à 10:48

Avalés par la mer, des jeunes Algériens finissent au fond de la Méditerranée — fosse commune — en tentant de rejoindre la rive Nord. Particulièrement dramatique, l’année qui s’achève a été rythmée par un incessant cortège de chavirements d’embarcations de fortune et des dizaines de disparus. Manifestement, rien ne peut les arrêter dans ce périlleux pari. Pas même  la mort. Portés par une vague d’espoir d’un ailleurs meilleur, les candidats à la migration clandestine sont l’expression tragique d’un désespoir sans nom. En se jetant dans la mer, ceux qu’on appelle prosaïquement les harraga nous renvoient à notre propre défaite. 

Ils balancent leur infinie colère à la figure de tout un pays qui se noie. Le mot n’est pas fort. Il est plus que juste d’autant qu’il continue d’opposer à ce drame, qui se joue en Méditerranée, une méprisable indifférence. Plus que du déni, c’est un naufrage des consciences. Révélateur d’une profonde crise, ce phénomène ne doit pas être relégué à la case des faits divers ou balayé d’un revers de la main par une légère explication vu que c’est un fait d’une extrême gravité qui soulève les cœurs. Il doit sonner la mobilisation de tous, l’État en premier chef. Une pareille tragédie ne peut laisser insensible. Il faut en faire une cause nationale qui doit mobiliser le gouvernement, les partis, les associations, les spécialistes. Tout le monde sans exception. Il n’est plus possible de laisser mourir des Algériens en mer en fuyant clandestinement leur propre pays. Il faut faire quelque chose. 

Mais pas un colloque sans lendemain, encore moins le recours à des mesures coercitives. Ceux qui ont la responsabilité politique doivent vite prendre conscience et agir… avant qu’il ne soit trop tard. Nous avons trop tardé. Ce n’est pas parce qu’elles concernent plusieurs pays qu’il faut finir par considérer ces mortelles traversées comme presque “normales”. Le danger est justement dans cette banalisation. Parce que invisibiliser cette catastrophe humanitaire reviendrait à renforcer les raisons du départ et surtout à densifier les rangs des candidats dont le profil a profondément muté ces dernières années. Ce ne sont plus seulement des chômeurs sans espoir qui “foutent le camp”. Cela touche toutes les catégories d’âge, de sexe et de condition sociale.  

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00