Éditorial

Triste 10 décembre

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Hassane OUALI Publié 11 Décembre 2021 à 00:33

L’état d’un pays se mesure au degré de respect des libertés. En 2021, soixante-treize ans  après la Déclaration universelle des droits de l’Homme et deux années après une exceptionnelle insurrection citoyenne, l’Algérie fait piètre figure en la matière. Les emprisonnements massifs des activistes du Hirak et des militants politiques renvoient l’image d’un pays fermé. Les tribunaux carburent à plein régime et les sévères sentences sont prononcées avec une célérité déconcertante. Plusieurs détenus d’opinion attendent depuis de longs mois la tenue de leur procès. La détention provisoire est devenue la règle pendant que le code pénal se durcit dangereusement, élargissant le champ des délits et répandant le soupçon partout. Les défenseurs des droits humains dénoncent “une année sombre”. 

Cette situation généralise la peur et tétanise tous les Algériens. Le ministre de la Justice a lui-même reconnu “la peur légitime que ressent le citoyen quand il franchit la porte d’un tribunal”. Il faut écouter la douleur de la mère d’Abdenour Abdeslam - détenu depuis trois mois - pour se rendre compte du désastre. La souffrance de cette digne femme d’Ath Hichem, qui a survécu à la période coloniale, illustre la profonde blessure algérienne. 
De cette épreuve, le pays sortira traumatisé. Elle rend son avenir immédiat incertain parce qu’elle réduit tout au silence. Les opinions politiques sont comme proscrites. L’espace public est animé par un vide aussi inquiétant qu’angoissant. Les grands moments d’effervescence politique et sociale et des grands débats enflammés sont de lointains souvenirs. Paradoxe des époques. Il faut dire que même dans la période meurtrière du terrorisme, le pays a connu un incroyable emballement politique où même les opinions les plus farfelues avaient droit de cité. Et c’est grâce aussi à cette liberté que le pays a réussi à vaincre le monstre. C’est encore plus valable aujourd’hui, alors que le pays tente de sortir de sa lente agonie. Sans cela, il court le risque de rechuter. Il faut vite se ressaisir… en hommage à Ali Yahia Abdenour. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00