Éditorial

Un 3 Mai sans Karèche

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Hassane OUALI Publié 02 Mai 2021 à 23:26

C’est au fond de sa cellule et au fin fond de son pays que notre journaliste Rabah Karèche passera la Journée internationale de la liberté de la presse. Cela fera quinze longues et insupportables nuits depuis qu’il est placé en détention provisoire que rien ne justifie. Lui qui pensait être protégé par la Constitution qui lui garantit pleinement l’exercice libre de son métier et le met à l’abri d’une peine privative de liberté. Et pourtant, il a été envoyé en prison avec empressement, alors que l’urgence était de s’intéresser de près aux préoccupations que soulève la plume de notre collègue.

Ce n’est pas en cassant sa plume qu’on fera baisser la température qui monte. Ses écrits que Liberté assume pleinement n’ont aucunement pour objectif de provoquer de quelconques troubles qui porteraient atteinte à la sûreté du pays. Ce sont des faits avérés que le journaliste ne peut passer sous silence. Le sommer de les taire, c’est lui demander de tourner le dos à la réalité, de fermer les yeux et de se boucher les oreilles. Ce n’est pas notre conception du journalisme. Notre métier - que notre journaliste emprisonné accomplit avec rigueur et passion - est de sans cesse de soulever un lièvre, d’informer et de poser des questions, surtout celles qui fâchent.

Il n’est pas demandé au journaliste de plaire ou de déplaire. Son rôle n’est pas de blâmer ou de faire des éloges. Une mission hautement nécessaire à la construction d’une société démocratique ne doit nullement en aucun cas conduire à la prison. Faut-il rappeler ici et à l’occasion de la Journée de la liberté de la presse que cette dernière n’est pas l’apanage des journalistes, mais une condition essentielle pour accomplir le devoir d’informer le citoyen. Expédier Rabah Karèche derrière les barreaux est un mauvais signal envoyé aux professionnels de l’infomation, les invitant à renoncer à leur métier.

Que serait devenue l’Algérie si Tahar Djaout, Omar Ouartilane et leurs confrères assassinés avaient renoncé à leur métier !? Ils se savaient menacés et leur vie en sursis, mais ils devaient se dire - sans démagogie - chaque matin en franchissant les portes de leur rédaction que la survie de l’Algérie en valait la peine. Mais ils ne sont pas morts pour que, trente ans après, Rabah Karèche soit envoyé en prison pour ses écrits. Libérez-le ! 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00