Magazine Feux de forêt en Turquie

“C’était comme une bombe”

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AFP Publié 04 Août 2021 à 18:01

Des hommes rassemblent des moutons pour les éloigner d'un incendie, le 2 août 2021 à Mugla (Turquie). © D.R
Des hommes rassemblent des moutons pour les éloigner d'un incendie, le 2 août 2021 à Mugla (Turquie). © D.R

Pour Mevlut Tarim, un paysan de Hisaronu dont l’exploitation a été dévastée par les incendies qui font rage depuis une semaine dans le sud de la Turquie, les feux s’apparentaient à l’explosion d’une bombe. Le paysan de 67 ans s’estime heureux d’être encore en vie. “Le feu s’est propagé en un instant”, a affirmé M. Tarim à l’AFP après avoir pu tirer et pousser certains de ses animaux effrayés à travers une fumée noire et des herbes en feu encerclant sa ferme. “Une de mes vaches est morte. Elle a brûlé. Je n’ai jamais vu quelque chose comme cela. Je ne peux même pas appeler cela un feu. C’était comme une bombe”, a-t-il raconté. L’histoire de M. Tarim ressemble à celle de nombreux paysans qui ont vu leurs villages détruits par les pires incendies en Turquie depuis au moins une décennie. Des milliers d’animaux de ferme ont péri et de vastes portions de forêt des côtes méditerranéennes et égéennes ont été ravagées. 

Des paysans inquiets déplacaient mardi leurs animaux vers des plages jugées relativement sûres, à l’abri des flammes. 
Mais diriger des animaux paniqués n’est pas facile et les vents violents qui attisent les flammes sont imprévisibles. 
Épuisés, les pompiers chargés de déverser de l’eau depuis des hélicoptères ou par le biais de leurs tuyaux ne peuvent être à temps pour aider tous les paysans, comme cela a été le cas pour M. Tarim. 

 “Je n’ai pas pensé à fuir” 
Pour Lemis Sapir, un agent d’assurance âgé de 44 ans, aider pour lutte contre l’incendie était un devoir à accomplir. 
“Je n’ai pas pensé à fuir. Nous allons faire tout ce que nous pouvons”, a-t-il raconté. Des images montrent des habitants courageux tentant de maîtriser les feux avec ce qu’ils avaient sous la main, comme des arroseurs de jardin ou des branches d’arbre. 
Selon M. Sapir, des renforts d’autres régions sont arrivés à Hisaronu. 
“Le travail des pompiers est rendu difficile par la hauteur des montagnes et des forêts denses”, a-t-il expliqué. 
“Les renforts aériens ne sont pas suffisants. Il y a beaucoup de foyers d’incendie dans toute la Turquie et ils n’arrivent pas à intervenir partout”,  a-t-il ajouté. 
Le pays ressent cruellement les conséquences de la disparition graduelle de sa propre flotte de bombardiers d’eau Canadair depuis quelques années. 

Le principal parti d’opposition, le CHP (Parti républicain du peuple, social-démocrate), a reproché au président turc, Recep Tayyip Erdogan, d’avoir démantelé l’infrastructure d’une organisation semi-publique qui détenait dans le passé des bombardiers d’eau et qui était en charge de la lutte contre les incendies. Le président a aussi été critiqué pour avoir mis du temps à accepter les offres d’assistance internationale, y compris celles de pays avec lesquels les relations sont tendues comme la Grèce. 

Face aux voix croissantes sur les réseaux sociaux reprochant au gouvernement une action insuffisante, le responsable de la communication de la présidence turque, Fahrettin Altun, a mis en garde contre les “fausses nouvelles” qui seraient conçues pour donner l’impression d’une Turquie “faible”. “Ce n’est pas le moment d’être fier”, a estimé Yasemin Akkaya, directrice d’un magasin. 
“Nous sommes un pays puissant. Mais j’ai mon eau coupée à la maison.” 
De son côté, M. Tarim a examiné les dégâts avec tristesse. “Regardez autour de vous. C’est un désastre. Nous avons de la chance d’être   en vie”, a-t-il dit. 

AFP

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