Magazine Sans personnel et posés près des champs

Des supermarchés d’un nouveau genre en Suède

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AFP Publié 24 Mai 2021 à 09:23

La gérante du magasin Domenica Gerlach du supermarché Lifvs à Veckholm, à 80 kilomètres de Stockholm. © D.R
La gérante du magasin Domenica Gerlach du supermarché Lifvs à Veckholm, à 80 kilomètres de Stockholm. © D.R

La pandémie de Covid-19 a également mis en avant l’utilité du magasin, où aucun contact n’est nécessaire et dans lequel une seule personne est autorisée pour des raisons sanitaires. 

Faire ses courses dans un conteneur mobile sans personnel, posé près des champs au milieu de nulle part : les campagnes suédoises voient fleurir des supermarchés d’un nouveau genre, venus à la rescousse d’habitants délaissés par les commerces de proximité. À Veckholm, bourgade sans centre-ville de quelques centaines d’habitants, à 80 km de Stockholm, la dernière épicerie a fermé il y a plus dix ans.

Et la boutique de l’unique station-service a baissé le rideau il y a un an et demi. Le supermarché le plus proche se trouvait à une demi-heure de route, jusqu’à l’arrivée en juillet 2020 de cette épicerie automatique ouverte 24h/24, qui propose plusieurs centaines d’articles, mais sans la moindre caisse à l’horizon. “Cela a vraiment manqué à la plupart d’entre nous qui vivons ici”, se réjouit Giulia Ray, une apicultrice du cru. “C’est tellement pratique d’avoir cela dans le coin”, explique-t-elle à l’AFP, en profitant de son passage pour ravitailler les étals avec son miel.

Pour déverrouiller la porte du magasin de 20 m2, situé au milieu des champs et à côté de pompes à essence de la station-service, il faut dégainer son smartphone relié à une application. “Nous venons ici trois fois par semaine pour acheter ce dont nous avons besoin”, explique à l’AFP Lucas Edman, technicien de passage dans la région pour quelques semaines. “C’est un peu plus cher mais ça me va, c’est un prix que je peux payer pour ne pas aller dans un autre magasin.” #En quelques instants, il scanne ses pizzas et son soda sur son téléphone – relié à son compte bancaire et à un système d’identification national (un gage de sécurité contre les vols, selon l’enseigne) –, sous l’œil de l’unique caméra de surveillance. 
 
Économique   
En Suède, le nombre de magasins alimentaires (des hypermarchés aux boutiques des stations-services) est tombé de 7 169 en 1996 à 5 180 en 2020, d’après les statistiques officielles.  Si le nombre d’hypermarchés a quasiment triplé en un quart de siècle, beaucoup d’épiceries rurales ont disparu, souvent faute de rentabilité, comme ailleurs en Europe. “Pour pouvoir maintenir un prix bas pour le client, nous devons être en mesure de contrôler nos coûts d’exploitation, c’est-à-dire contrôler le loyer – c’est pour cela que les magasins sont assez petits”, explique à l’AFP Daniel Lundh. Cofondateur de Lifvs, il a ouvert depuis plus de deux ans près d’une trentaine de magasins de ce type à travers la Suède rurale, ou dans les  quartiers urbains dépourvus de commerces.

Domenica Gerlach, qui assure la bonne marche du magasin de Veckholm, ne vient qu’une fois par semaine, pour recevoir la livraison. Elle gère trois autres magasins, tous installés dans des conteneurs amovibles à l’envi. Le maire d’Enköping, dont fait partie Veckholm, n’a que du bien à dire sur ces commerces – trois au total dans sa commune. Et ne cache pas son envie d’en voir fleurir davantage.  “Pour s’installer ici, c’est plus facile de faire le pas si vous êtes assurés d’avoir cette offre”, explique Peter Book.
 
Lieu de rencontre  
Dans un pays parmi les plus numérisés au monde, Lifvs et ses concurrents, comme AutoMat ou 24Food, profitent d’une population très connectée : en 2019, 92% des habitants avaient un smartphone, contre 77% en France. Paradoxe de ces magasins automatiques en pleine campagne, Lifvs représente aussi un “lieu de rencontre” pour les habitants de Veckholm. “On vient ici, on prend de l’essence, on rentre pour prendre quelque chose et peut-être que quelqu’un d’autre est présent et on peut discuter”, explique Giulia. 

La pandémie de Covid-19 a également mis en avant l’utilité du magasin, où aucun contact n’est nécessaire et dans lequel une seule personne est autorisée pour des raisons sanitaires. “Ma mère habite à proximité, et depuis un an, c’est un magasin dans lequel elle a toujours pu se rendre, elle n’est allée nulle part ailleurs, c’est comme un point de repère pour elle” qui a 75 ans, raconte Giulia. De son côté, Daniel Lundh entend dès “le début de l’année prochaine” passer la frontière pour ouvrir ses premiers magasins à l’étranger. 

 


AFP

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