Magazine Situé à Versailles et conservant une machinerie du 18e siècle

Le théâtre de Marie-Antoinette, un bijou patrimonial

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AFP Publié 24 Février 2021 à 20:45

Théâtre de la Reine, conçu par l'architecte Richard Mique, château de Versailles, France, XVIIIe siècle. © D.R
Théâtre de la Reine, conçu par l'architecte Richard Mique, château de Versailles, France, XVIIIe siècle. © D.R

Les décors sont du XIXe mais fonctionnent exactement selon le principe courant au XVIIIe, avec un changement de décor “à vue”, c'est-dire le rideau levé, sous les yeux du spectateur. Les châssis portant les décors glissent sur des rails côté cour et côté jardin, un chassé-croisé qui offre au spectateur une saisissante perspective.

Pandémie ou pas, c'est une salle qui n'accueille que très rarement du public. Mais le théâtre de la Reine construit pour Marie-Antoinette à Versailles ne cesse paradoxalement de se remettre à neuf. “Il est un peu comme la Belle au Bois Dormant”, affirme à l'AFP Raphaël Masson, conservateur en chef du patrimoine de Versailles, en référence à ce bijou patrimonial dissimulé dans les jardins du Petit Trianon et lieu secret de Marie-Antoinette. C'est là même où, à l'été 1785, la reine passionnée de musique et de théâtre monte pour la dernière fois sur scène pour jouer le rôle de Rosine dans Le Barbier de Séville sous les yeux de son auteur, Beaumarchais.  Construit par Richard Mique, architecte de Marie-Antoinette, ce théâtre – le seul en France à avoir gardé une machinerie du XVIIIe siècle en état de fonctionnement – a été épargné par la Révolution car jugé sans valeur et a très peu servi en 240 ans d'existence. “Ce théâtre est un miracle de conservation. Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, il y avait une véritable théâtromanie, tout grand financier, tout prince installait un théâtre chez soi, mais tous ont quasiment disparu”, affirme M. Masson à l'AFP. 

Durant la crise sanitaire, qui a rendu impossible les visites guidées ou scolaires où l'on vient découvrir une fois par mois les effets scéniques de l'époque, conservateurs et artistes se sont attelés à reproduire le rideau de scène qui était très abîmé. Accroché à la mi-décembre, le nouveau rideau, d'un bleu cobalt, avec une bordure dorée et richement ornementée, est en réalité “une toile de lin peinte en trompe-l'œil qui imite un plissé”, explique le conservateur. De l'illusion pure, comme la salle elle-même, construite comme un décor de théâtre, en faux marbre, papier mâché et carton-pâte derrière son apparence dorée. 

Des fragments de décor
Le rideau d'origine ayant été vendu après la Révolution, il s'agit d'une copie du rideau. “Une toile, qui a servi sous l'Empire, a été repeinte à la Restauration, repeinte sous Louis-Philippe. Elle arrivait en bout de course et il fallait absolument conserver ce témoignage authentique”, aujourd'hui gardé dans les dessous du théâtre, explique le conservateur. “On a poussé la logique de la restitution jusqu'à assembler les lés de toiles de lin à la main comme à l'époque”, raconte M. Masson. Autre chantier : compléter le fonds de décors de ce théâtre-musée. La salle, qui au temps de Marie-Antoinette pouvait accueillir jusqu'à 250 spectateurs, dispose de trois décors représentant un intérieur rustique, une forêt et le temple de Minerve, le plus ancien décor complet de théâtre au monde (1754). Ce miraculé est “un témoignage unique de la virtuosité des décorateurs du XVIIIe, c'est notre Joconde ici”, sourit M. Masson. Sa fragilité fait qu'une copie est envisagée pour pouvoir montrer à quoi elle ressemblait. 
 
Effets spéciaux du XVIIIe
Les décors sont du XIXe mais fonctionnent exactement selon le principe courant au XVIIIe, avec un changement de décor “à vue”, c'est-dire le rideau levé, sous les yeux du spectateur. Les châssis portant les décors glissent sur des rails côté cour et côté jardin, un chassé-croisé qui offre au spectateur une saisissante perspective. “Ce sont les effets spéciaux du XVIIIe”, précise M. Masson. Grâce aux inventaires, les conservateurs travaillent à reconstruire un quatrième décor de répertoire, “la place publique”, dont ils n'ont que les frises et un châssis, en utilisant comme au XVIIIe la peinture à la détrempe. Ils vont tenter aussi de reconstituer une machinerie d'époque qui permet de faire ressurgir un décor d'arbre d'une trappe. Très fragile malgré sa restauration en 2001, la salle n'a jamais été mise aux normes pour rester fidèle à son histoire. “Il y a un concert chaque deux ans et on est tellement ému en écoutant les notes de musique s'échapper de la fosse, se souvient M. Masson. Le théâtre ne peut être exploité de façon régulière, mais on attend la fin de (la crise sanitaire) pour le remontrer devant un public.” 

 

 


 Rana MOUSSAOUI/AFP

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