Magazine Au Sénégal, leurs propriétaires font fortune

Les béliers géants, stars de la Tabaski

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AFP Publié 18 Juillet 2021 à 18:26

Un  bélier à poils ras de race Ladoum, réputé valoir plus de 50 000 euros.. © D.R
Un bélier à poils ras de race Ladoum, réputé valoir plus de 50 000 euros.. © D.R

Chaque année pour la Tabaski, ce sont 260 000 moutons qui sont consommés dans la seule région de Dakar, explique Mamadou Talla, 61 ans, président du foirail des petits ruminants de Dalifort-Pikine.

Éclairé par des lumières clignotantes évoquant davantage une discothèque qu’un enclos, un bélier de la taille d’un petit poney s’élance vers des brebis deux fois plus petites que lui. Le mâle ombrageux et ses femelles vivent sur un toit couvert de Dakar, équipé de ventilateurs au plafond et de faux chandeliers. Un décor somptueux qui trahit l’affection que ressent Abdou Fatah Diop, 40 ans, pour son animal favori. 

“C’est une véritable passion. J’en oublie tout le reste”, confie-t-il, en avouant qu’il dépense davantage d’argent pour son bélier et ses brebis que pour sa propre famille. Mais son élevage est aussi une importante source de revenus : Abdou Fatah Diop revend à prix d’or les agneaux engendrés par son animal fétiche à d’autres éleveurs, soucieux d’améliorer leur cheptel. 

Les béliers à poils ras de race Ladoum, aux cornes en forme de tire-bouchon et qui peuvent atteindre la taille impressionnante de 1,20 m au garrot et peser 175 kg, sont très appréciés au Sénégal, un pays où l’élevage de moutons fait l’objet d’émissions à la télévision. Les Sénégalais les plus prospères n’hésitent pas à payer une petite fortune pour immoler un bélier Ladoum lors de la fête du sacrifice, l’Aïd El-Adha, qu’on appelle Tabaski en Afrique de l’Ouest, prévue en milieu de semaine prochaine. 

“Mystifier les voisins” 
À cette occasion, les Sénégalais rendent visite à leurs proches et partagent en famille et avec leurs voisins un mouton sacrifié le jour même. 
Abou Kane, un autre éleveur de moutons, possède des dizaines de béliers Ladoum, qu’il met en vente sous une vaste tente blanche dans le centre de Dakar, à l’occasion de la Tabaski. Ses clients paieront jusqu’à deux millions de francs CFA (3 000 euros) pour pouvoir sacrifier un tel animal. “C’est une race très prisée du fait de sa taille, de son poids, de sa splendeur. Le Ladoum, c’est une race exceptionnelle que l’on ne trouve nulle part ailleurs”, s’enflamme-t-il. Sacrifier un tel animal pour la Tabaski est devenu un moyen de proclamer devant tous un statut social élevé au Sénégal, où près de 40% de la population vivent avec moins de 1,70 euro par jour, selon la Banque mondiale. Mais les vendeurs ont des moutons pour toutes les bourses et le principal marché aux bestiaux de Dakar est rempli de milliers de moutons et de chèvres ruminant et bêlant, surveillés par des bergers aux vêtements colorés, venus de tout le pays, des communautés wolof, peule, sérère et même du Mali et de la Mauritanie voisins.

Chaque année pour la Tabaski, ce sont 260 000 moutons qui sont consommés dans la seule région de Dakar, explique Mamadou Talla, 61 ans, président du foirail des petits ruminants de Dalifort-Pikine. Le marché qui fournit près de “80% du bétail que nous consommons durant la Tabaski vient du Sénégal. Par rapport à ce que nous disent les imams, un bon mouton de 60 000 francs CFA (90 euros) peut suffire comme sacrifice. Mais les gens ont quand même tendance à vouloir mystifier la dame, mystifier les voisins. Donc ils vont chercher un gros bélier, ils le font également pour le plaisir de la famille, pour le plaisir des enfants”, souligne-t-il. 
    
“Si tu es un farfelu...” 
Et l’éleveur Abou Kane rappelle que dans l’islam, les plus riches ont l’obligation de sacrifier les plus beaux animaux. “Les Sénégalais sont de bons musulmans. Et il ne faut pas oublier que le mot sacrifice a un sens. Un hadith (extrait d’un recueil des traditions relatives aux actes et paroles du prophète Mahomet, ndlr) dit que l’éleveur, au moment de la Tabaski, doit immoler son bélier le plus costaud, celui qui a le plus de viande, qui est le plus gras.

On ne sacrifie pas n’importe quoi.” Mais pour El Hadji Mamadou Ndiaye, un imam à la Grande mosquée de Dakar, la religion n’impose pas aux fidèles de s’endetter. “Le mouton n’a pas besoin d’être beau. Il peut être noir, blanc, marron ou bien tricolore”, rappelle-t-il. Son âge et la manière de le tuer importent notamment, selon la tradition islamique. “Nous sommes un pays pauvre, mais les gens font tout pour avoir un gros mouton. Si tu es un farfelu, tu peux acheter ce que tu veux pour impressionner le voisinage, mais c’est par vanité”, regrette-t-il.  “Les très gros moutons, généralement on ne peut même pas les consommer : la viande est trop dure.”

AFP 

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