Magazine Des chefs autochtones du Brésil contribueNT à reboiser les Highlands

L’esprit de la forêt souffle sur l’Écosse

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AFP Publié 07 Novembre 2021 à 20:20

 Kreta Kaingang, chef du peuple Kaingang. © D. R.
Kreta Kaingang, chef du peuple Kaingang. © D. R.

À 10 000 km de son Brésil natal, le chef du peuple kaingang plante un jeune chêne dans la forêt communautaire de Kilfinan, un projet visant à reboiser les Highlands écossais et à apprendre des peuples autochtones d'autres continents, en profitant de la COP26. 

Délicatement, Kreta Kaingang rassemble la terre de ses mains, caresse les jeunes branches puis entonne un chant rituel aux côtés d'autres chefs autochtones, venus participer comme lui à la COP climat de l'ONU organisée cette année à Glasgow. “J'ai passé ma vie à planter des arbres sur ma terre, et c'est merveilleux de le faire ici, au tout début de ce projet de reboisement”, dit-il à l'AFP. 

Bien que les arbres y soient très différents, “notre terre est la même que la vôtre”, a dit aux Écossais Levi Sucre, du peuple bribri du Costa Rica, relevant que les premiers peuples sont les meilleurs gardiens de la forêt et soulignant l'importance des modes de gestion traditionnels face à l'urgence climatique. 

Déboisement et dépeuplement 
Le “kokar” de Kreta, immense coiffe de plumes de faucon royal blanc et noir, semble encore plus exotique à côté du kilt porté par son hôte Gordon Gray Stephens. Celui-ci décrit les similitudes entre les forêts humides de l'Ouest écossais et la forêt tropicale : le lierre et la mousse, qui couvrent les troncs le long desquels grimpent d'épaisses lianes.

Sauf que “nous, nous les avons exploitées durant des siècles, de sorte qu'il ne nous reste que très peu d'espèces endémiques”, regrette-t-il, montrant un petit lichen propre à cette région du monde. 

Le défenseur de la nature déplore que les pays riches mettent la pression sur les pays pauvres pour qu'ils protègent leurs forêts, quand eux-mêmes négligent les leurs. Ici, le rhododendron et le pin à usage industriel, introduits l'un pour ses fleurs le second pour son bois, asphyxient les essences locales telles que le chêne, le frêne, le saule ou le bouleau. Et “la déforestation va de pair avec le dépeuplement”, décrit M. Stephens.

Aux 18e et 19e siècles, les populations ont été chassées des terres écossaises, peu à peu largement dédiées à l'élevage ovin et au gibier pour la chasse, “apparemment plus rentables que les humains”, explique Calum MacLeod, de l'association Community Land Scotland. 

Propriété de la terre
Aujourd'hui, la propriété en Écosse est largement concentrée entre quelques mains : 67% des terres rurales appartiennent à 0,025% de la population, selon des documents officiels écossais. Et l'urgence climatique aiguise l'appétit de fonds d'investissement, à la recherche de terres à dédier à la captation de carbone, ajoute M. MacLeod.

Ainsi est née, à 130 km de Glasgow, la Kilfinan Community Forest, qui œuvre pour une transition écologique pouvant bénéficier au plus grand nombre.

L'association achète des terres qu'elle loue à des prix modérés à de jeunes familles, qui y construisent des maisons à l'aide de pins coupés et qui reboisent avec des essences locales.

Cette semaine, une douzaine de chefs autochtones d'Amérique latine ou d'Asie, transis par les températures écossaises, y ont été accueillis par de grandes pancartes colorées portées par les enfants de l'école. “De la même manière que vous voulez des arbres jeunes dans une forêt, vous voulez des jeunes dans une communauté !”, relève 

M. Stephens. La cheffe Mina Setra, du peuple dayak en Indonésie, raconte à l'AFP une histoire similaire, de terres “détruites par l'extraction pétrolière et l'industrie du bois”. 

Mais la fermeture des écoles du fait du Covid a entraîné le retour de centaines de jeunes gens qui étudiaient en ville. L'occasion de lancer plusieurs initiatives, comme une coopérative agricole dédiée aux cultures biologiques, qui devrait être maintenue, dit-elle. 

Mêmes problèmes, même lutte 
Malgré un climat et un écosystème différents, les peuples autochtones partagent les mêmes problèmes, souligne Mina, qui fait “un rêve d'unité”, de front commun entre toutes ces communautés. Pour la Sénégalaise Solange Bandiaky-Badji, présidente du Rights and Resources Group, “l'histoire se répète”. 

L'exode forcé des Écossais se reproduit des siècles plus tard aujourd'hui en Afrique et en Asie, déplore-t-elle. “Toutes les migrations dont nous sommes témoins, de jeunes gens qui marchent vers l'Europe, c'est parce qu'ils ont été dessaisis de leurs terres.” Les 19,2 milliards de dollars promis à la COP26 pour inverser la déforestation d'ici à 2030 devront “arriver aux bonnes personnes”, prévient-elle. 

Quelque 1,7 milliard notamment est prévu à destination des peuples indigènes. Hélas, “ils parlent toujours de nous, mais pas avec nous”, dénonce Anita Tzec, sociologue d'origine maya, venue du Belize. “Nous sommes des éléments clés pour enrayer (la déforestation), ils doivent nous inclure dans les décisions.” 
 

AFP

 

 

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