Magazine Une récente enquête au cœur d’une controverse

Qui a trahi Anne Frank ?

  • Placeholder

AFP Publié 12 Février 2022 à 10:05

Anne Frank a été arrêtée en 1944 et est morte l'année suivante dans le camp de concentration de Bergen-Belsen. © D.R
Anne Frank a été arrêtée en 1944 et est morte l'année suivante dans le camp de concentration de Bergen-Belsen. © D.R

Il était censé mettre fin à un mystère de la Seconde Guerre mondiale, mais un nouveau livre sur la célèbre jeune écrivaine juive Anne Frank s’est rapidement retrouvé au cœur d’une controverse.

L’ouvrage, qui affirme que l’adolescente allemande a très probablement été trahie par un notaire juif pour sauver sa propre famille, a suscité une tempête médiatique internationale depuis sa parution le 18 janvier. Le livre Qui a trahi Anne Frank ? de l’auteure canadienne Rosemary Sullivan explique comment le notaire, Arnold van den Bergh, aurait révélé la cachette d’Anne Frank en 1944 à Amsterdam.  Il est vivement critiqué par des historiens et organisations juives aux Pays-Bas. Le directeur du conseil central juif des Pays-Bas (CJO) a jugé les résultats de l’enquête “extrêmement spéculatifs et sensationnalistes”.  

L’ex-agent du FBI Vincent Pankoke, qui a mené l’enquête durant six ans, a fustigé des “attaques virulentes”, probablement motivées, selon lui, par la conclusion controversée du livre Un Juif responsable de la trahison. 
Anne Frank est connue pour son journal intime rédigé entre 1942 et 1944 alors qu’elle et sa famille se cachaient dans un appartement clandestin à Amsterdam.  

Arrêtée en 1944, elle est morte l’année suivante, à l’âge de 15 ans, dans le camp de concentration de Bergen-Belsen. Les preuves contre M. Van den Bergh ont, selon les enquêteurs, été étayées par des techniques modernes ainsi qu’une lettre anonyme envoyée au père d’Anne Frank après la Seconde Guerre mondiale, identifiant le notaire comme le traître. 
 
Lacunes
Le livre a fait l’effet d’une bombe aux Pays-Bas, toujours hantés par la culpabilité de la déportation de plus de 100 000 juifs. Les résultats de l’enquête “reposent principalement sur une lettre, trouvée après la guerre”, lâche auprès de l’AFP le président du conseil central juif des Pays-Bas, Ronny Naftaniel. M. Van den Bergh, décédé en 1950, “ne peut pas se défendre” et les preuves présentées contre lui “ne tiendraient jamais la route devant un tribunal”, estime M. Naftaniel. Les conclusions de l’enquête “frôlent une théorie du complot”, a déclaré auprès du quotidien suisse Blick John Goldsmith, président de la Fondation Anne-Frank. Des organisations juives aux Pays-Bas ont même demandé que le livre soit retiré de la vente. 

La maison d’édition du livre aux Pays-Bas Ambo Anthos s’est excusée “pour ne pas avoir adopté une position plus critique” et a reporté les tirages supplémentaires, a rapporté la télévision publique néerlandaise NOS. “L’histoire contient tout simplement trop de lacunes concernant Arnold van den Bergh”, a déclaré à l’AFP Johannes Houwink ten Cate, professeur à l’université d’Amsterdam, spécialiste de l’Holocauste.  Arnold van den Bergh et sa famille se sont cachés au début de 1944, des mois avant que les nazis ne défoncent la porte de la cachette des Frank, a souligné le professeur.  “Pourquoi Van den Bergh aurait-il risqué de dévoiler sa propre cachette ? C’est inconcevable”, a-t-il observé.  
 
Théorie la plus plausible
L’auteure du livre a riposté en assurant que l’enquête était “professionnelle” et “approfondie” et témoignait de façon convaincante d’une époque où des citoyens se trouvaient face à des choix impossibles pour sauver leur famille. M. Pankoke a quant à lui tenu à “remettre les pendules à l’heure”, répétant que l’hypothèse des enquêteurs restait “la théorie la plus plausible”.  “Il existe un ensemble de preuves, étayées par des déclarations de témoins, et une copie d’un élément de preuve physique présenté (...) par Otto Frank lui-même”, a-t-il souligné. 

Il estime que l’une des principales raisons de la polémique était l’affirmation controversée selon laquelle “les juifs ont été forcés de se trahir entre eux”. Mais, observe-t-il, identifier un suspect n’est pas forcément le condamner, et le message des enquêteurs est clair : “Sans les occupants nazis, rien de tout cela ne serait arrivé.”

 

 


AFP 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00